R. Grosso : "On sait que ça peut être très costaud !"

Interview de Rémy Grosso, ailier international de l’ASM Clermont Auvergne.

Rémy, à 28 ans tu as déjà acquis une belle expérience rugby. Tu es passé par Lyon (2007-2013), puis par Castres, tu es international (1 cape), tu es passé par le rugby à sept (12 sélections). Tu es arrivé de Castres en cours de saison dernière, te voilà champion de France et vice-champion d’Europe. Comment as-tu vécu le sacre ?

Mon arrivée s’est faite précipitamment même si je suis arrivé pour 3 saisons. J’ai remplacé Wesley (Fofana), ce fut express, l’équipe était lancée dans le sprint final, que ce soit en coupe d’Europe ou en championnat. Ca s’est mieux passé encore que je l’espérais… Comme je suis arrivé en cours de route, je n’ai joué que 5 matchs et j’ai accompagné le groupe comme j’ai pu. J’ai pris un grand plaisir à vivre ça. J’ai vécu les phases finales de la coupe d’Europe pour la première fois, et ça même de l’extérieur, on y prend vraiment goût. Certains Clermontois que je connaissais m’ont dit que j’avais eu du bol !

Signer à Clermont, c’est une comme une consécration ?

Oui c’est un peu ça. J’essaie de faire les choses dans l’ordre dans ma carrière. Clermont, son niveau, ses structures… c’est l’élève modèle du rugby. C’est un club très professionnel. Il font énormément de choses sur l’accompagnement extra-sportif par exemple. Castres était un club très familial qui me correspondait très bien, j’ai vécu de belles années aussi à Lyon, mon club d formation. J’ai la chance aujourd’hui d’évoluer au très haut niveau à Clermont, je sens que je peux vivre de grandes choses encore, j’apprends beaucoup ici.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en arrivant à l’ASM ? Les structures du club ? Le groupe ?

Les structures oui, c’est tout neuf, grandiose, un bel outil entièrement dédié à la progression des joueurs. Mais comme m’a dit Frank Azéma quand il m’a fait visiter les bâtiments, ce n’est pas ce qui fait gagner des titres. Beaucoup de points m’ont impressionné, le niveau des mecs, les entraînements, l’implication et l’exigence que chacun met dans ses différentes missions. La compréhension et l’expertise du jeu également. Les conditions sont bonnes, mais c’est le travail qui compte. C’est un leitmotiv omniprésent ici.

Le recrutement de Clermont a été assez peu important en quantité, mais avec des recrues 5 étoiles (Laidlaw, Slimani Betham…) Quels sont les points d’améliorations ciblés par le staff selon toi ?

Quand j’ai été contacté par Franck (Azéma, le manager de l’ASMCA ndlr), il m’a dit que les recrutements sont toujours très ciblés à Clermont. Il m’a aussi été confirmé que les qualités d’homme comptent autant que le niveau rugby. Je pense qu’il faut aussi relancer la concurrence, voir par exemple un Raba (Slimani) arriver au même poste que soi, ça met un peu la pression ! Le club veut aussi soulager certains joueurs beaucoup utilisés. Pour ce qui est de Pete (Betham), il y a aussi la question des internationaux et de la liste Elite de la fédé. Quand tu joues sur les 2 tableaux tu sais que tu seras amené à recruter plusieurs joueurs à certains postes. Et puis, ça pousse derrière à l’Académie de l'ASM, avec des jeunes déjà impressionnants pour leur âge.

Quel est ton avis sur l’aménagement de l’agenda des internationaux ?

C’est un peu particulier. Nous ça nous a pas forcément dérangés mais pour eux, je pense que ça a été un peu déstabilisant. C’est terminé maintenant ils vont pouvoir intégrer le groupe. On ne va jeter la pierre à la FFR, il se donnent les moyens pour faire avancer l’équipe. Ca paiera sans doute et c’est tout ce qu’on souhaite.

Quand on a déjà joué en Bleu, on garde toujours l’objectif d’y retourner ?

J’ai d’autres objectifs, et ce serait prétentieux et maladroit de te dire que c’est un objectif. C’était une expérience grandiose mais j’arrive tout juste à reprendre du plaisir avec Clermont, je vais tâcher de m’intégrer parmi la cinquantaine de joueurs ici, retrouver un roulement stable. C’est ma priorité.

Le rugby à 7 est derrière toi aujourd’hui ?

Ce n’est clairement pas une priorité. Le rugby à 7 est hyper contraignant, il faut avoir un certain niveau. Ceci dit, dans la mesure où mon passage à 7 n’était pas prévu, on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Comment vois-tu l’équipe de l’UBB cette saison et à quel match t’attends-tu aujour’dhui ?

Les matchs amicaux sont toujours particuliers et peu représentatifs, tu ne peux pas tirer de conclusion sur deux ou trois performances, c’est souvent une revue d’effectif. On va à Chaban, on sait comment ça va être, et puis on y va avec un statut de champion, on se sait encore plus attendu. Niveau rugby, c’est une équipe qui postule tous les ans au Top 6 sans forcément l’annoncer. On sait que ça peut être très costaud !

Un souvenir particulier par rapport à l’UBB, avec Castres notamment ?

Je me souviens qu’on avait pris 60 points à Chaban il y a 3 ans, pas un bon souvenir du tout ! On était tombé sur un grand Bordeaux. La suite de la saison a été compliquée pour nous.

Parmi tes passe-temps, il est dit dans les médias que tu es parfois déconneur et que tu aimes le dessin, c’est vrai ?

J’aime bien dessiner oui. Déconneur, un peu, je pars du principe que nous sommes des privilégiés. Etre avec un groupe des gens qui sait déconner, c’est toujours mieux. Je me fais plus discret quand même ces derniers temps (rires).

En avant-match au vestiaire, as-tu une habitude particulière ?
Qu’écoutes-tu comme musique ?

J’écoute un peu de tout, du rock, du rap, parfois rien. Plus jeune j’avais quelques rituels oui, mais à force tu te rends compte que tu t’enfermes vite, j’ai vite réalisé que c’était inutile.