R. Lamerat : "On s'attend à une grosse entame de saison face à l'UBB."
Entretien avec le centre-ailier international de l'ASM Clermont Auvergne Rémi Lamerat avant la réception du champion de France à Chaban samedi 26 août, en ouverture de la saison 2017-2018.
Rémi, tu as vécu une saison pleine avec l’ASM avec un titre de champion de France et une finale européenne. Collectivement, comment avez-vous vécu cette saison ?
Terminer la saison avec le titre en poche c’est vraiment incroyable, toutes les équipes bataillent pour valider le travail effectué toute l’année, donc terminer ainsi c’était vraiment la consécration. On savoure notre plaisir même si le piège c’est de repartir la saison d’après avec un peu trop de confiance ou en dilettante, mais on a su très vite se remettre au boulot. Cette saison reste quand même inoubliable.
Et personnellement ?
Personnellement, je suis content car pour ma première saison j’ai été très bien accueilli par le staff, mes coéquipiers et les supporters. Je suis venu pour gagner des titres, je l’avais dit et je me faisais un peu chambrer pour ça mais au final je ne regrette pas du tout mon choix d’avoir rejoindre l’ASM.
Tu fais partie des 45 joueurs de la liste ÉLITE de l'équipe de France, et vous avez un protocole d’entraînements différent. Comment vis-tu cette situation ?
Ça été un petit peu compliqué au début parce que le staff et nous, le découvrions, il fallait donc s’adapter surtout par rapport aux emplois du temps. Les séances sont différentes mais ça se met vite en place. Le plus dur c’est de parfois laisser les coéquipiers s’entraîner entre eux et nous de notre coté. Mais la chance que l’on à l’ASM, c’est qu'on est nombreux à être concernés par cette liste donc je ne me suis jamais senti seul. Parfois, c’est vrai que de s’entraîner à l’écart du groupe qui lui aussi travaille dur, c’est un peu compliqué.
La saison dernière, le Racing 92 avait vécu un début de saison compliqué avec ce que l’on peut appeler l’ « effet post-titre » (le Stade Français aussi il y a 2 ans). Y pensez vous ?
On y pense car le sport professionnel exige une perpétuelle remise en question. Finir la saison sur un titre c’est exceptionnel, mais on a encore faim de victoires et de nouvelles récompenses comme celle-là. C'est en se remettant très dur au boulot et en essayant sans cesse de s’améliorer qu’on arrivera à atteindre ces objectifs.
Vous avez fait 1er match amical contre Toulon : quel enseignement collectif avez vous tiré cette préparation ?
Pour nous, c’était nos grands débuts sur des confrontations avec contacts, puisque c’était notre premier match amical et que l’on avait pas encore trop repris les contacts à l’entraînement. C’était donc surtout une évaluation de l’état d’esprit et de certaines choses qu'on avait bossées aussi cet été. Je pense que le bilan de ce match est positif malgré la défaite : on a pu faire des retours sur les choses à améliorer. En ce qui concerne les secteurs qu’on avait travaillés depuis la reprise, le résultat n'est pas trop mal. Le groupe à toujours aussi faim de rugby et ça, c'est pour nous le plus important.
Peu de recrues cette saison mais un recrutement 5 étoiles avec les arrivées de Greg Laidlaw, Rabah Slimani, Peter Betham… Avec la stabilité du groupe et ces apports très ciblés, l’ASM devrait être irrésistible cette saison !
J’espère. Mais une chose est sûre c’est que lorsqu’un effectif ne bouge pas trop c’est signe de qualité. C’est vrai qu’on a perdu pas mal de joueurs en fin de saison dernière, qui ont été remplacés par une vague de très bons jeunes joueurs issus de l’académie, en plus de ce recrutement de super bonne qualité. J’espère que tout ça va permettre à l’équipe de garder le niveau qui était le nôtre la saison dernière mais je me fais pas de soucis là-dessus. On voit déjà que les nouveaux sont très vite bien acclimatés, pour la plupart les joueurs sont des internationaux qui ont beaucoup d’expérience, donc tout devrait bien se passer.
A ton poste il y a beaucoup de concurrence avec des joueurs comme l’inoxydable Aurélien Rougerie, la révélation Damian Penaud, le retour de Wesley Fofana et la recrue Peter Betham. Comment vivez-vous cette concurrence ?
Je vois cette concurrence comme un très bon signe par rapport à l’équipe, avoir autant de bons joueurs au même poste c’est important pour une équipe qui veut pouvoir jouer sur les deux tableaux. Et puis on sait aussi que dans une groupe, même si je ne le souhaite pas, une blessure peut malheureusement arriver et parfois elles sont inévitables. La période internationale aussi fragilise le club. Il y a donc eu une nécessité pour le club de recruter à ce poste, notamment avec l’arrivée de Pierre Betham qui est un super joueur. Je n'ai jamais vécu cette concurrence comme un fardeau, j’ai toujours eu la chance de jouer dans des groupes où mes « concurrents » sont devenus des amis et de très bons partenaires d’entraînement donc il n’y a aucune raison que cela change cette année. C’est important aussi d’avoir des jeunes qui poussent derrière nous. Comme je leur dis souvent, c’est leur but de mettre les vieux dehors. C’est comme ça qu'on a commencé, et c’est comme ça qu'on finira : en se faisant pousser par les jeunes ! (rires)
Jean-Baptiste Dubié face à Davit Zirakashvili et Rémi Lamerat
en Coupe d'Europe lors de l'exercice 2016-2017
L’UBB est une équipe que vous connaissez bien avec 8 confrontations sur les 2 dernières saisons, comment préparez-vous cette rencontre ? Comment voyez-vous ce match ?
On est très impatient, c’est vrai que l’UBB est une équipe qu’on connaît et avec laquelle on se ressemble sur l’envie de produire du jeu, puisqu’il y a eu pas mal de matchs où les deux équipes produisaient du contenu. On est sûr de notre travail et de nos forces mais on sait très bien que c’est un redoutable adversaire notamment en début de saison, où l’UBB a souvent l’habitude de démarrer très fort. On sait qu’il y a eu un changement de staff la saison dernière, et que c'est une équipe très très bien en place physiquement et mentalement. On s’attend donc à une grosse entame de saison face à l’UBB.
Avec ce Top 14 de plus en plus compétitif d’année en année avec notamment toutes ces équipes qui se renforcent, comment analyses-tu le championnat ?
C’est de plus en plus dur, ça va plus vite, ça tape plus fort. Il y a des enjeux financiers pilotés par des hommes d’affaires de plus en plus importants. Beaucoup de choses ont évolué dans le rugby ces dernières années, et pas forcément dans le bon sens selon mon point de vue, mais c’est comme ça. Nous, en tant que joueurs, on se doit d’être sportivement irréprochables d’une part par rapport à nos coéquipiers avec qui on porte le maillot, d’autre part par rapport aux investissements que font les clubs, mais aussi et surtout aux supporters qui nous soutiennent. Ce sera une très longue saison mais j’adore ce championnat et les équipes qui le composent. J’espère, du moins pour le spectacle, que ce sera sympa.