C. Maynadier "Je m’attends à un match difficile."

Bonjour Clément. Tout le monde te connaît comme talonneur, mais tu as aussi une autre spécialité que tu exerces en parallèle du rugby, peux-tu nous en dire plus ?

Je suis aussi ingénieur en aéronautique chez Safran Aircraft Engines, c’est une entreprise qui fabrique des moteurs d’avions aussi bien pour le civil que pour le militaire. Moi je suis sur la partie militaire, sur le moteur du M88, le moteur qui est sur le Rafale et qui est exclusivement vabriqué par Safran. C’est une belle machine, je suis au support technique donc on travaille en collaboration avec l’A.I.A à Bordeaux. Sur les deux après-midi que je fais dans la semaine, je travaille surtout sur des outils d’optimisation et de gain de temps.

Le talonneur est aussi un lanceur en touche, un travail très technique qui demande beaucoup d’entraînement. Quelles doivent être les qualités de talonneur sur le travail de la touche ?

Je pense que c’est déjà de la confiance en soi, parce que c’est un geste assez particulier, il faut qu’on trouve chacun sa routine. Mais c’est aussi de la confiance en les autres parce que la touche ce n’est pas que le lanceur. Quand le ballon n’arrive pas dans les mains du sauteur ce n’est pas forcément parce que le lancer n’a pas été bon, il y a aussi un timing à avoir avec le sauteur, c’est toute une justesse, c’est de la persévérance, du travail. Il faut venir travailler en plus pour améliorer son geste, être encore plus précis, c’est de la répétition. Comme un golfeur fait 200 swings par jour pour être le meilleur, le talonneur lance un peu tous les jours et/ou fait une grosse séance dans la semaine pour pouvoir augmenter notre pourcentage de réussite.

On voit de plus en plus de mêlées statiques ou les deux équipes poussent sans pour autant pouvoir bouger d’un millimètre. D’où cela vient-il ?

Ça vient de beaucoup de choses, déjà il y a moins d’impact qu’avant, maintenant qu’on a le « liez », l’impact a été réduit. Après les gabarits sont aussi imposants dans les 2 équipes, souvent les packs avoisinent autour de 900 kilos. On est tellement bas qu’on a parfois du mal à talonner, une mêlée est un combat de force. Parfois on préfère rester statique jusqu’à ce que l'équipe d'en face craque pour gagner une pénalité, que de talonner un ballon et le sortir vite. C’est plus un jeu de prise de position par rapport au mental de l’adversaire.

Tu as connu tes 2 premières sélections en équipe de France contre l’Argentine. Quel est ton avis par rapport au calendrier et aux fameux doublons Top 14 / match internationaux ?

Oui il y a des doublons et le calendrier est chargé. Après quelles sont solutions pour éviter ça, je ne sais pas. Je sais que c'est un sujet récurrent à la Fédération et à la LNR. Ces doublons permettent de faire jouer les jeunes joueurs, ce qui est une bonne chose quand les autres joueurs se rendent disponibles pour les accompagner et les conseiller. J’ai commencé comme ça quand j’avais 20 ans, ce n’était pas en Top 14 mais en Pro D2. J’avais mes qualités et mes difficultés mais ça s’est très bien passé, on a gagné les matchs que j’ai joués.

Samedi l'UBB reçoit le Stade Français qui est juste à deux points derrière nous et qui a aussi des joueurs sélectionnés en équipe de France. Comment vois-tu ce match ?

Face au Stade Français on a toujours des matchs compliqués, il y a deux ans on a perdu, l’année dernière on gagne mais ça a été dans la souffrance. C’est une équipe qui joue très bien, qui a été championne de France il y a 2 ans, qui a gardé le même effectif, ils se connaissent bien. Ils ont un jeu très ouvert un peu comme le nôtre avec des joueurs de grande qualité. Je m’attends à un match difficile. On sort d’une défaite pas très valorisante à Castres, il va falloir qu’on remette tout à l’endroit individuellement et collectivement pour arriver à faire un bon match et le remporter samedi.

Merci Clément, et très bon match samedi.