Elsa Peyras (Lionnes) avant la demie : "On espère livrer du beau jeu et atteindre nos objectifs."

Au club depuis 5 ans, la 3e ligne Elsa Peyras fait partie des joueuses historiques au sein de l'effectif des championnes de France. Elle nous a accordé un entretien avant la demi-finale ce samedi 1er juin face à Blagnac (14h30). Allez les Lionnes !


Crédit : Les Lionnes du Stade Bordelais

Elsa, pour les supporters de l’UBB qui ne te connaîtraient pas encore comment te présenterais-tu en quelques mots ?
Je m’appelle Elsa Peyras. Je joue avec les Lionnes depuis 2019. J’ai commencé le rugby à l’école de rugby de Maubourguet. Cette passion m’est venue de ma famille, notamment de ma mère qui jouait à Marciac, un club proche de ma ville natale. J’ai par la suite intégré l’équipe du Stado à Tarbes et je suis arrivée à 19 ans à Bordeaux.

Tu es donc à Bordeaux depuis 5 ans maintenant, tu vois une certaine évolution au club par rapport à tes débuts ?
Quand je suis arrivée au Stade Bordelais, c’était encore du rugby amateur. Au cours des cinq dernières années, l’équipe s’est fortement professionnalisée. Cette évolution a commencé par une importante structuration des entraînements, c'est notamment grâce à cela que j'ai pu atteindre mon plus haut niveau rugbystique. Aujourd'hui, nous jouons la phase finale pour la deuxième année consécutive, après notre titre de la saison dernière.

Tu évolues au poste de 3e ligne aile, qu’est ce qui te plaît dans ce poste ?
C’est un poste très polyvalent où nous sommes beaucoup sollicitées en attaque, particulièrement sur les bouts de ligne. En défense, nous jouons également un rôle très actif et diversifié. Je me plais vraiment beaucoup à ce poste.

Cette saison a été un quasi sans faute pour les Lionnes en Elite 1, mis à part le petit accident face aux Lilloises. Est-ce que cette défaite n’a pas été bénéfique juste avant d’aborder la phase finale ?
Je pense que oui, cela a été bénéfique. Nous avons affronté une équipe Lilloise qui avait extrêmement bien préparé le match. Nous l'avons peut-être pris à la légère et il nous a manqué de nombreux éléments pour pouvoir rivaliser. À mon avis, sur le papier, nous étions au-dessus, mais nous avons manqué d’agressivité, de communication et d’exécution du plan de jeu. Et ce sont vraiment des éléments essentiels. Lille a remporté le match, et évidemment nous nous sommes remises en question. Chaque joueuse et chaque élément de notre projet sont cruciaux si nous voulons aller jusqu'au bout.

Cette saison est un peu particulière, avec le 6 Nations notamment…
Le championnat est irrégulier. En début de saison, nous jouons 3 à 4 matchs avec toutes les internationales de l’équipe. Ensuite, les Canadiennes, les Françaises et les Écossaises partent pour diverses échéances. Après le Tournoi des Six Nations, nous nous retrouvons sans avoir joué ensemble depuis décembre, avec seulement une semaine d’entraînement. Ce collectif, qui ne se connaît plus très bien, n’a plus les mêmes repères : les joueuses françaises se sont concentrées sur leur projet France, tandis que le reste de l’équipe était focus sur la Coupe de France. Il a fallu retrouver l’équilibre perdu. Aujourd’hui, nous retrouvons de bonnes sensations à l’entraînement et le collectif que nous avions réussi à construire au début de la saison, ce qui est de bon augure pour la suite.


CRÉDIT : LES LIONNES DU STADE BORDELAIS

Vous avez fait un très beau quart de finale face au LOU il y a deux semaines. Comment as-tu trouvé l’équipe ?
Comme je te le disais, le match à Lille a vraiment été le reflet de ce manque de collectif et d’équilibre dans la reconnexion et à cette période on était à 3 voire 4 semaines de travail avec ce groupe. Le match face à Lyon a été finalement le petit indicateur positif sur le fait qu’on arrive à se reconnecter, on a réussi à produire du beau jeu et à trouver des failles dans les défenses en face. Cela nous a redonné confiance pour la demi-finale.

Justement, samedi vous affronterez Blagnac en demi-finale. Elles ont terminé 2e de l’autre poule, derrière le stade Toulousain. Comment tu appréhendes ce match ?
Blagnac, c’est un peu particulier car nous avons remporté le titre contre elles l’année dernière. Elles jouaient leur troisième finale d’affilée et ont perdu les trois. Il y a beaucoup d’affect dans cette situation, car nous savons qu’elles vont tout donner pour réussir. Elles vont essayer d’aller à nouveau en finale et de concrétiser ce qu’elles touchent du bout des doigts depuis trois saisons. Personnellement, je suis confiante dans les qualités du groupe et du jeu que nous produisons. Ce match sera, je pense, très serré et marqué par un fort engagement. Le groupe reste serein, on espère livrer du beau jeu et réussir à atteindre nos objectifs.

Le match se jouera à Ernest Wallon, est ce que cela change quelque chose pour toi ?
Cela ne change pas grand-chose puisque ce n’est pas non plus un match à domicile pour Blagnac, et pour nous, ce n’est pas très loin. Ce qui pourrait influencer le déroulement du match, c’est l’impact du public, car je pense qu’il y aura beaucoup de spectateurs présents. On commence déjà à en entendre parler, il y aura du monde dans les tribunes, et on espère que cela fera pencher l’issue du match en notre faveur !

Tu as remporté le titre de Championne de France l’an dernier avec les Lionnes, qu’est ce que ça représenterait pour toi de faire le doublé ?
L’année dernière, c’était le plus beau jour de ma vie (rires). Si l’on remporte à nouveau le titre cette année, ce serait le deuxième plus beau jour de ma vie. Il y a 3 ou 4 ans, ce n’était même pas un objectif pour moi, et l’année dernière, cela nous est tombé un peu dessus. Cette année, c’est écrit noir sur blanc dans nos objectifs. Il y a donc un enjeu, mais nous l’appréhendons de la même manière que l’année dernière. Nous continuons à travailler de la même façon pour arriver en force à ce match, avec le plus de billes possibles.

D’un point de vue plus perso, tu évolues au côté de nombreuses internationales chez les Lionnes, est ce que c’est un objectif que tu te fixes ?
Jouer aux côtés de ces filles qui évoluent en équipes de France, du Canada ou d'autres sélections est extrêmement gratifiant. Elles nous apportent des compétences et une structure de travail précieuses. Cela dit, ce n’est pas un objectif que je me suis fixé de jouer avec la France. Bien sûr, je ne refuserais jamais une sélection, mais mon objectif actuel est plutôt de performer et d’être une bonne joueuse de club pour continuer à gagner des titres cette saison et les saisons à venir.

Enfin, d’un point de vue plus général, que penses-tu de l’évolution et de l’exposition actuelle du rugby féminin, alors que l’EDF a battu le record d’affluence pour un match de rugby féminin en France lors du dernier tournoi, et que le record en Élite 1 a lui aussi été battu plusieurs fois cette saison ?
Le niveau de professionnalisme dans la qualité du jeu de rugby que nous produisons est en constante évolution. Les équipes s'améliorent et proposent un jeu de plus en plus captivant, avec des enjeux de plus en plus palpables. Cela attire de plus en plus de spectateurs. Je pense tout de même que malgré ces aspects positifs, il y a un grave problème de visibilité médiatique. Nos matchs sont souvent diffusés de manière amateur sur des plateformes telles que Twitch, sans même afficher les scores, et il faut attendre plusieurs jours pour connaître les résultats. Le rugby féminin manque cruellement de couverture médiatique. . Promouvoir notre sport dans de telles conditions devient complexe, faute de moyens réels. On est conscientes de l’évolution du rugby féminin sur ces dernières années, donc je pense que cela ne peut que s’améliorer.


CRÉDIT : LES LIONNES DU STADE BORDELAIS


Merci Elsa, et tous nos encouragements pour ce match important. Tous derrière les Lionnes !

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