B. Vergnes : On m'avait interdit de faire du rugby

Entretien avec notre troisième ligne Bastien Vergnes : ses débuts au rugby, son poste, sa vie à l’UBB, et bien sûr la réception des champions de France en titre ce vendredi soir. Il vous dit tout !


Bastien Vergnes lors du match face à Clermont

Cette saison tu joues 6 et 8, as-tu un poste de prédilection ?
J’ai été formé en tant que 8 donc j’ai une petite préférence pour ce poste. Après, actuellement Tom Willis est très fort, il apporte beaucoup pour l’équipe. Dans tous les cas, tant que je joue je suis content. Nous avons un système de jeu offensif où les troisièmes lignes ne touchent pas trop de ballons. Mais j’essaye de respecter mon rôle comme à La Rochelle où je n’ai eu beaucoup de ballons dans le match, mais au final on a gagné ! Il faut penser à l’équipe avant de penser à sa petite personne. J’essaye de m’adapter, d’être le plus complet possible.

Comment te sens-tu à l’UBB ?
Ce qui est sûr c’est qu’ici, il y a un groupe incroyable. On s’entend vraiment tous très bien, ça nous aide dans notre intégration lorsqu’on arrive d’un niveau inférieur comme moi. Les joueurs ne se prennent pas pour des stars, ils nous prennent sous leurs ailes, cela m’a fait beaucoup de bien. Bordeaux est un club avec un gros état d’esprit, je pense que c’est aussi ce qui nous a maintenus quand sportivement c’était un peu plus compliqué sur le plan sportif.

T’es-tu fixé des objectifs et si oui lesquels ?
Mon objectif est de jouer le plus de matchs possible, être titulaire et enchaîner. Mais aussi d’essayer de ramener quelque chose au club qui le mérite, avec notamment le président qui fait tant d’efforts. C’est grâce au club que j’ai eu la chance de faire une belle saison l’année passée. L’équipe de France m’a aussi permis de changer de statut vis-à-vis de tout le monde. De mon côté, je reste comme je suis mais c’est vrai que l’équipe de France te tire vers le haut, j’essaye d’être le meilleur possible pour le club mais aussi pour les gens autour qui nous soutiennent. Depuis le Japon, j’ai évolué, j’essaye d’être plus complet dans le jeu. J’ai appris à ne pas rester dans un seul registre, à savoir m’adapter en fonction de la stratégie et de l’adversaire. Ça me permet de me canaliser, de ne plus être foufou sur le terrain parce que parfois ça ne sert à rien.

Parle-nous un peu de toi. Quand as-tu commencé le rugby ?
J’ai commencé le rugby lorsque j’avais 11 ans. À la base je ne pensais pas pouvoir en faire du tout parce que j’avais une petite maladie de la hanche, donc on m’avait interdit de faire du rugby. Puis ça s’est réglé et par l’intermédiaire d’un de mes amis du village, il m’a emmené au rugby avec lui. J’ai commencé en poussin puis j’ai continué 4 ans dans mon village. Ensuite je suis parti en centre de formation à Colomiers en 2012, où je suis resté pendant 9 ans, et enfin l’UBB l’année dernière.

Le fait d’être issu d’un territoire de rugby a-t-il selon toi beaucoup contribué à ton éclosion ?
Là où j’étais quasiment tout le monde faisait du rugby, donc c’est sûr que c’était plus facile pour moi de me lancer dans ce sport. Puis comme je le disais moi j’avais mon voisin qui habitait à 50 mètres de chez moi et lui, il vivait pour le rugby. Après, depuis tout petit quand même j’avais en tête de faire du rugby. Malgré mon problème à la hanche c’était réellement une volonté de pratiquer ce sport, alors qu’à la base personne n’est très rugby dans ma famille... Mes parents ne suivaient pas trop, mon frère ne pratique pas. Je ne sais pas d’où ça me vient mais ça s’est fait comme ça, un peu de hasard.

Petit, avais-tu des idoles ?
C’est drôle mais j’admirais beaucoup Louis Picamoles lorsque j’étais jeune, donc quand je suis arrivé avec lui l’année dernière ça m’a fait quelque chose ! (rires) Après il y avait aussi Kieran Read des Blacks ou encore Duane Vermeulen des Springboks, ce genre de profil là.

Pensais-tu pouvoir faire du rugby ton métier ?
À partir du moment où j’ai signé au centre de formation à Colomiers, l’idée a germé sur le fait que je voulais devenir professionnel. Après ça a vraiment basculé le jour où les entraîneurs du centre de formation ont été basculés sur le staff de l’équipe professionnelle, il y a 3 ans, et comme ils connaissaient tout l’effectif jeune ils nous ont permis de rentrer dans le groupe professionnel un peu comme ce qui se fait ici à l’UBB et je me souviens que le premier match, face à Bayonne, cela s’était bien passé et on avait fait une belle fin de saison.

Est-ce-que tu te voyais aller jusqu’en équipe de France ?
Honnêtement c’était un risque pour moi de venir à l’UBB au vu du très bon effectif de l’équipe. Et puis c’était plein de nouvelles choses à appréhender : le rythme des entraînements, le programme des matchs, l’intensité, il y avait beaucoup de choses qui changeaient. C’était un challenge pour moi, le but d’accrocher comme ça des bouts de matchs. L’année dernière j’ai quand même pu être finisseur pas mal de fois donc j’étais content. Et la première fois qu’on m’a appelé en Equipe de France ça a été une très grande fierté. Après je ne cours pas après cela, je sais qu’à ce poste il y a beaucoup de très bons profils.


Comment appréhendes-tu le match face à Montpellier ?
Montpellier on les connaît tous, c’est les champions de France en titre. C’est une équipe compacte, très forte devant. On va bien s’entraîner sachant qu’il y a eu les fêtes, la victoire à La Rochelle. Ils vont venir sans complexe en essayant de nous faire déjouer. On va préparer ce match du mieux possible et s'adapter à leur style de jeu en proposant une stratégie qu’on espère gagnante. Montpellier à gagné à Toulon, à Brive, aux London Irish, ils savent gagner à l’extérieur... Il faut s’attendre à un énorme match ! C’est l’occasion pour nous de basculer sur la première partie de tableau.

De quel secteur de jeu faudra-t-il faire attention vendredi soir ?
Il faudra museler leur jeu d’avants, c’est ce qui leur permet de trouver de la vitesse. Donc, il faut qu’on arrive à contrer leurs avants. Ce qui est bien pour nous c’est que nous venons de jouer les Sharks qui sont peut-être la meilleure équipe du monde devant, puis nous avons affronté La Rochelle, ça nous a permis de mettre le pied à l’étrier ! Il va falloir mettre la même intensité au combat même si tous les matchs sont différents.

Y a-t-il des joueurs dont il faudra se méfier plus particulièrement ?
Je pense notamment à Willemse qui porte les ballons, mais aussi Zach Mercer. Si l’on ne voit pas ses mecs, ça sera plus complexe pour eux vu que ces joueurs-là mettent toujours l’équipe dans l’avancée. Se focaliser sur un joueur précis sur le terrain est compliqué et pas forcément payant, sachant que pour contrer ce type de joueur, il vaut mieux s’y mettre à deux.

Qu’est-ce que te procure Chaban ?
Que ce soit les joueurs, la famille ou les copains, quand ils viennent ils ont toujours envie de revenir ! C’est incroyable, ça nous fait très chaud au coeur. Vendredi ça sera le soir, il y aura du monde dans les tribunes. On a deux réceptions en suivant donc pour nous ce n’est que du bonheur. Mis à part cette défaite contre Toulouse qui a fait un peu mal, Chaban reste invaincu en Top 14 et c’est notamment grâce à nos supporters. Il faut continuer comme ça, mettre de la voix et nous encourager le plus longtemps possible, pendant 80 minutes !

Merci Bastien et bon match.

 

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