Noel McNamara, entraîneur de l'attaque : "Se connecter avec notre public."

Notre entraîneur de l'attaque girondine, Noel McNamara, a intégré le nouveau staff de Yannick Bru à l'intersaison. À trois jours de sa première à Chaban, il évoque sa vision du club et les défis à venir.



Noel McNamara lors du match au Racing 92 - IconSport

Bonjour Noel, tu es arrivé à l'UBB cette saison, quelle image avais-tu du club avant de venir ici ?
Ce que j’ai pensé du club en venant l’an dernier m’avait déjà convaincu car c’était très positif. Quand on a joué avec les Sharks à Chaban, j’ai trouvé que les supporters étaient incroyables. Je me souviens avoir parlé avec les joueurs après le match par rapport au nombre de personnes présentes et surtout les émotions qu’ils font passer pendant le match. Alors que les Sharks avaient gagné, nous étions tous d’accord pour dire que l’ambiance était formidable. Je sais que l’Union Bordeaux Bègles est connue et reconnue pour ses supporters. Pour moi c’est important, car étant responsable de l’attaque mon métier consiste à créer le jeu que le public va vouloir applaudir et apprécier en venant au stade. Ce n’est pas seulement faire venir les gens au stade, c’est aussi le fait de créer tout un engouement autour du jeu qu'on veut montrer. C’est très important pour moi, et on en parle souvent tous ensemble. Il y a une phrase qui résume tout : "Ce qui importe ce n'est pas ce que tu dis, ce n'est pas ce que tu fais, c'est ce que tu veux que les gens ressentent." Et on veut que nos supporters ressentent de belles émotions lorsqu’ils viennent nous voir le week-end. Ça veut dire créer des attaques imprévisibles, intelligentes et physiques.

Est-ce que vouloir gagner un titre rend le challenge encore plus important ?
Le challenge de gagner un titre avec l’UBB est évidemment au coeur de tout. C’est ce qui motive les joueurs, le staff, le club entier. Marquer l’histoire du club, faire partie de son héritage, c’est forcément très important. On est en train de se construire avec ce nouveau staff, on veut construire quelque chose de solide pour réussir à nous hisser jusqu’à un titre.

La compétitivité du TOP 14 a-t-elle influencé ton intérêt pour l'UBB et le fait que tu rejoignes le club  ?
C’est sûr qu’en matière de compétitions présentes dans le monde entier, je pense que c’est dur de trouver un championnat plus compétitif. Tous les week-ends, on se retrouve avec des oppositions de qualité. Ce championnat attire aussi les meilleurs joueurs au monde, les meilleurs coachs, donc c’est sûr qu'il y a eu un intérêt additionnel.

Surtout que tu arrives l'année de la Coupe du Monde en France...
C’est effectivement un bonus en plus d’avoir l’opportunité de venir voir l’Irlande et l’Afrique du Sud qui vont jouer ici à Bordeaux pour la Coupe du Monde ! Et puis j’ai hâte de découvrir les joueurs bordelais qui sont engagés dans cet événement planétaire, donc c’est vraiment un superbe moment pour le rugby ici en France.

Peux-tu nous raconter ton parcours et ta collaboration avec Yannick Bru ?
J’ai entraîné pendant un long moment, j’ai commencé en 2005 donc ça commence à faire un moment (rires), presque 20 ans maintenant. Je suis resté pas mal de temps en Irlande, au Leinster, j’ai commencé par les U18, les U19, les U20, l’équipe A puis j’ai terminé par l’Académie. Donc j’ai passé un bon moment là-bas, et il y a deux ans j’ai eu l’opportunité d’aller en Afrique du Sud. Là-bas je m’occupais de l’attaque et des arrières. C'est là que j'ai connu Yannick (Bru). On a construit une bonne relation professionnelle et c’est la raison pour laquelle il m’a proposé de le suivre à Bordeaux. Le fait de nous être très bien entendus m’a aidé à saisir cette opportunité. J’étais très content de commencer ce nouveau challenge à l’UBB.

Sur un plan plus personnel, pour quelles raisons avoir quitté Afrique du Sud pour venir à Bordeaux ?
On a adoré vivre en Afrique du Sud, j’ai une femme et 3 filles et c’était un énorme challenge pour nous tous. Évidemment, l’Afrique du Sud est un pays magnifique avec beaucoup de belles choses. J’ai pu me challenger, découvrir une nouvelle énergie et continuer à apprendre dans mon métier. C’est vrai qu’il y avait quelques problèmes de sécurité là-bas, mais le plus gros challenge pour nous a été de vivre loin de notre famille en Irlande, venir ici à Bordeaux nous permet de nous rapprocher et je pense que pour ma femme, mes enfants et moi c’est très important. Et puis nous avons toujours été intrigués par la culture française et « l’art de vivre à la française » ! On savait que ça serait une superbe opportunité à vivre pour tout le monde. Pour ma part, le fait de venir travailler dans un club tel que l’UBB avec un effectif et des infrastructures de qualité, ça représentait un vrai challenge pour moi.

On dit souvent que l'UBB est un club familial, est-ce que tu l'as ressenti en arrivant ?
Je pense que même de l’extérieur on peut se rendre compte que le club est très familial. J’aime le fait que tout le monde soit proche les uns des autres, le staff sportif, les joueurs et l'administratif. On voit bien qu'on a tous les mêmes objectifs. Mettre l’équipe au premier plan et créer une atmosphère où tout le monde pourra faire son travail dans les meilleures dispositions. Je pense que depuis le début l’esprit « famille » m’a vraiment attiré, c’est une vraie force pour cette équipe. Quand on les voit jouer le week-end on ressent que les gens, les supporters, sont très proches des joueurs qu’ils sont fiers de les soutenir.

Nous avons deux matchs importants avant la trêve liée à la Coupe du monde...
Chaque point est important pour ce début de saison. C’est un beau challenge pour nous. Castres va arriver avec une grande majorité de ses joueurs car ils ont peu de mondialistes. Toulon en a un peu plus mais ça reste tout de même une très belle équipe qui se déplacera à Chaban le 3 septembre prochain. On est motivé par ce challenge et on veut que tout le monde soient fiers de nous. Le fait d’avoir une pré-saison aussi courte a été un vrai challenge mais je pense que c’est le cas pour toutes les équipes, donc on doit travailler autour de cela. Tout le monde essaie de faire évoluer son jeu en y intégrant des nouveautés. On doit réellement passer outre cela pour faire un très bon premier match à domicile. Castres a gagné la semaine dernière face à Pau, ils vont venir décomplexés et jouer le coup à fond.

Quelles sont les menaces à prendre particulièrement en compte chez les Castrais ? (joueurs, jeu...)
L’équipe de Castres a une très bonne équipe qui sait ce qu’elle veut offrir sur le terrain. Ils sont très physiques, ils ont un gros pack, un bon jeu au pied, ils ne nous laisseront pas facilement créer des opportunités. Il faut qu’on travaille très dur car ils ne nous laisseront rien jouer facilement. Je n’ai pas vraiment identifié de joueur particulier dont se méfier, car c'est toute l'équipe entière.

On remarque à l'entraînement que, malgré cette courte phase de préparation, le groupe est bien soudé.
On a un très bon groupe de joueurs et je pense que parfois on a tendance à oublier que ce sont des personnes. Le fait d’être tous connectés les uns aux autres est quelque chose qu’on ne peut pas prendre pour acquis. Oui, on a la chance d’avoir un groupe soudé. Le caractère, la connexion et l’état d’esprit sont tous les trois importants.

Est-ce que tu as hâte de jouer à Chaban ?
J'en ai parlé avec Adam Coleman hier. Tous ceux qui n’y ont pas encore goûté ont hâte de le vivre. J’ai eu l’opportunité de voir Chaban avec les Sharks mais comme les supporters n’étaient pas pour nous ce n’est pas la même chose (rires). Il y a un nouveau staff donc un nouveau style de jeu, et je pense que tout le monde à hâte de venir performer à Chaban samedi, que ce soit pour la première fois ou non pour les joueurs et le staff. Tout le monde comprend l’importance de gagner à la maison pour se connecter aux supporters. Il est de notre devoir de leur montrer notre meilleur jeu possible et de ne pas les décevoir.

Merci Noel !