Dubié : On peut arriver à les battre

Après plus de 100 matchs et 6 années en Bordeaux & Blanc notre centre Jean-Baptiste Dubié connaîtra avec l'UBB sa première demi-finale de Top 14, samedi 19 juin à 20h45 au stade Pierre-Mauroy de Lille contre le Stade Toulousain. Sur le banc pour le barrage contre Clermont, il se confie sur toute l'émotion qui entoure cet événement.

 Jean-Baptiste Dubié

Toi qui fais partie des anciens du vestiaire, qu'est-ce que ça t'a fait de jouer ce match de barrage contre Clermont ?
Ça fait tout un tas de choses, parce qu'au vu du contexte avoir des supporters dans le stade c'était tout un tas d'ondes positives pour pouvoir vivre ce match. Au-delà du match et de jouer une place en demi-finale on s'était préparé tout au long de la saison pour vivre ces moments-là, il y avait une dimension différente du fait que le public soit revenu ce jour-là.

Justement, quelles ont été tes sensations par rapport au retour du public ?
Nous avons fait l'échauffement comme nous avons l'habitude de faire. Il y avait du monde dans les tribunes et Jeff a décidé de faire un tour du terrain pour "les sentir". C'était bien mais en même temps il n'y avait pas grand monde, ça faisait stade vide. Nous avons su après que ça avait tardé pour entrer dans les tribunes. Le moment où, réellement, je me suis rendu compte de l'ambiance c'est quand nous sommes revenus sur le terrain pour le match : quand on a vu toute la tribune, remplie, avec un énorme bruit...Ça m'a surpris, ça faisait un moment que je n'avais pas ressenti ça ! Il y a eu vraiment cette sensation impressionnante, ça faisait vraiment plaisir. Ils ont répondu hyper-présent tout au long du match ! C'était vraiment ce à quoi je m'étais préparé, tu ronges ton frein pendant une saison en te disant : "Sois content de jouer, un jour on rejouera avec un stade rempli, avec sa ferveur. Ça va revenir", donc on attendait ce moment avec impatience, on n'a pas été déçus du tout ! Au contraire !

On avait tellement oublié, ça faisait partie des choses qu'on ne savait plus apprécier. Là, c'était incroyable. Quand on est descendu dans les vestiaires on s'est tous regardé, "Waouh !".
Jean-Baptiste Dubié

Notamment avec cette arrivée du bus, les supporters étaient survoltés !
J'ai ressenti que c'était fort mais je suis resté très introverti. J'ai regretté après, je me suis dit que j'aurais dû savourer, limite rester un peu quoi (rires) ! C'était un peu comme si c'était la première fois, il y a eu ce moment où tu dis "mais qu'est-ce qu'il se passe ?", il y avait des fumigènes, du bruit... Alors que ce sont des choses qu'on a déjà vécues mais là, on avait tellement oublié, ça faisait partie des choses qu'on ne savait plus apprécier. Là, c'était incroyable. Quand on est descendu dans les vestiaires on s'est tous regardés, "Waouh !". On ne s'attendait pas à ça, on a senti cette ferveur et cet engouement et franchement, ça fait du bien.

Quelle a été la clé du succès contre les Clermontois ?
C'est le fait de ne pas avoir douté de nous. On a mis un peu de temps à rentrer dans le match, on voulait faire une grosse entame mais on a commis quelques erreurs qui ont fait qu'on n'a pas réussi à scorer et à prendre le score rapidement. J'ai trouvé l'équipe tout en maîtrise, il n'y a pas eu de panique. On a su se resserrer, marquer dans les moments importants... C'est notre force de caractère qui fait qu'on n'a pas douté, on a cru en nous et au final on est allé chercher cette victoire comme il fallait, c'est hyper positif.

N'importe quelle équipe européenne serait aujourd'hui outsider face à Toulouse ! Ils dominent le sujet en ce moment.
Jean-Baptiste Dubié.

Cette qualification en demi-finale, comment la vis-tu ?
C'est quelque chose d'incroyable qui fait penser à pas mal de choses, à la saison dernière où nous avons été arrêté en plein cours d'une superbe saison... Et le fait de réaliser tout le travail qu'on a dû fournir depuis début juin pour arriver à ce match-là. C'est quand même assez incroyable. Voilà, ça fait partie des moments importants d'une carrière, tu travailles dur pour pouvoir jouer ces matchs-là. Je me rends compte du travail qui a été fourni à titre individuel et collectif de la part de chacun d'entre nous. Arriver en demi-finale c'est fort, maintenant, là où il faut être encore plus fort, c'est passer outre tous ces moments et la fatigue accumulée pour pouvoir faire de grosses prestations et arriver à passer encore un palier !

Le Stade Toulousain est le grand favori de cette demi-finale de Top 14, comment abordes-tu le match ?
De toutes façons, n'importe quelle équipe européenne serait aujourd'hui outsider face à Toulouse ! Ils dominent le sujet en ce moment, sur la comparaison avec nous il n'y a pas photo puisqu'ils nous ont battu 3 fois en 3 matchs. Maintenant, on les connaît bien, ils nous connaissent, à nous d'arriver à les contrer, sur un match tout peut se passer. Ce n'est pas une équipe invincible : elle a déjà perdu des matchs, elle a des matchs référence de très haut niveau... Mais on a réussi à la faire douter, donc... Il peut tout se passer sur ce genre de match. Je ne m'imagine pas une seconde qu'ils se disent que ce sera facile contre l'UBB. Les faits sont là, on sait qu'on a perdu 3 fois contre cette équipe. Mais on sait qu'on n'a pas joué notre meilleur rugby, on sait qu'on peut faire mieux et on est conscient qu'on peut arriver à les battre. On sait que ça ne sera pas chose facile, à nous d'élever notre niveau de jeu individuellement et collectivement.

Deux demi-finales de Coupe d'Europe et un match de barrage de Top 14 cette saison, penses-tu que ces expériences serviront samedi ?
Oui. Même si la Coupe d'Europe et le Top 14 sont très différents on a pu acquérir de l'expérience dans la préparation, de vivre les derniers jours avant le coup d'envoi... Ce sont des moments où la tension est présente, il faut arriver à canaliser un peu tout ça, à bien te préparer mentalement et physiquement. Quand tu vis des moments comme ça tu sais ce que tu as fait lors des matchs précédents, ce que tu aurais dû faire pour être mieux... Il faut le prendre comme quelque chose de positif et il faut que ça nous aide à préparer ce match.

Quel est le sentiment qui prédomine avant le match ?
Il y a de l'impatience dans le sens où on a envie d'y être et d'en découdre, maintenant il n'y a plus grand chose à faire : on connaît notre rugby, notre façon de jouer, on sait tous ce qu'on a à faire. Tu as juste envie de rentrer dans le vif du sujet, d'aller faire la mise en place à Lille et d'être au coup d'envoi. Ce sont des moments riches en émotions mais à partir du moment où ça a commencé, tout va très vite. C'est paradoxal, tu as envie d'y être... mais il faut aussi savoir savourer ces moments !

Merci Jean-Baptiste