Rétro 10 ans - Matthew Clarkin : « C’était fabuleux. »

Alors qu’il dispute ce samedi 22 mai un barrage d’accession au Top 14 en tant que manager du Biarritz Olympique, Matthew Clarkin, ancien capitaine emblématique de l’UBB, évoque avec nous la fabuleuse épopée de 2011, conclue par une accession en TOP 14. C’était le 22 mai, il y a dix ans jour pour jour.


Matthew Clarkin faisant son entrée sur le terrain face à Albi en finale de Pro D2.

 

10 ans depuis cette finale face à Albi… Que reste-t-il dans l’esprit de Matthew Clarkin ?
Dix ans… j’ai sans doute oublié quelques détails mais ceux qui me restent sont évidemment tous très heureux. Il faut rappeler que dans le contexte de l’époque et de cette saison 2010-2011, on a eu quelques passages compliqués, il y a eu des périodes de doutes parfois, comme dans tout grand projet d’ailleurs Je pense que ces paramètres ont participé à décupler ces sentiments de joie, de fierté lorsque nous avons remporté cette finale d’accession.

Y-a-t-il un moment pendant le match où tu te dis, ça y est c’est pour nous ?
Ça peut paraître un peu prétentieux, mais j’ai l’impression que dès le début du match, alors qu’on subissait la pression albigeoise, dont on savait que c’était une grosse équipe, on a senti une certaine sérénité côté UBB, individuellement et collectivement. Petit à petit on sentait que notre engagement allait finir par payer. Et puis on a compris assez vite que « Ged » (l’ouvreur Gerard Fraser) était dans un grand jour.

On a d’ailleurs souvent parlé d’une certaine sérénité au sein du groupe à l’époque, tu confirmes ?
Notre état d’esprit, on ne l’a pas puisé le jour de la finale, mais bien avant. La saison qu’on fait est loin d’être parfaite comme je l’ai dit, à l’image du premier match de la saison qu’on perd à Moga contre Colomiers… On savait où l’on voulait aller, on se l’était dit. Notre caractère s’est renforcé au fil de la saison, qu’on termine 5e, soit dernier qualifiés. Je pense que le véritable exploit se situe plus sur la demi-finale à Grenoble. Autant en finale, Albi n’était « que » favori, autant vraiment personne ne nous voyait victorieux à Grenoble en demie ! Du coup on y était allé sans véritable pression. On était loin de chez nous, 4 supporters nous attendaient là-bas. Il y avait peut-être bien un chien aussi (rires). C’est non seulement la victoire, mais aussi la manière dont on gagne cette demie qui a compté (l’UBB a mené quasiment tout le match et inscrit le seul essai de la rencontre, par Rafa Carballo, score final 12-19 NDLR). Après la victoire, on a eu le sentiment qu’il ne pouvait rien nous arriver. Entre nous, on a mieux joué en demi-finale qu’en finale…

On avait entendu quelques critiques à l’époque sur le fait que le club comptait pas mal d’étrangers…
Je m’en souviens très bien. C’était sorti particulièrement la semaine de la finale, certains avaient dit dans les médias qu’on avait trop d’étrangers. Ça m’a doublement touché, d’abord parce que, déjà à l’époque je me sentais français (il a réalisé toute sa carrière pro en France, 5 ans à Montauban puis 6 saisons à l’UBB NDLR). Ensuite vis à vis de l’équipe, c’était mon équipe, et que les mecs viennent de Saint Médard en Jalles ou des Fidji je m’en foutais pas mal ! Tout ce que je voulais c’était des mecs investis et obsédés par l’idée de défendre notre maillot, notre club, avec un objectif commun. Je le répète, ça a pris du temps, il y a avait eu du turnover dans l’effectif, et malgré la qualité des joueurs, on n’était pas une équipe. Alors on a beaucoup travaillé la cohésion, le groupe, le vivre ensemble. C’est ce dont je suis le plus fier avec du recul. Mais pour revenir aux critiques, au final on les a exploitées à notre avantage. Donner une bonne image de notre équipe a fait partie des ingrédients de notre préparation pour les phases finales. J'avais dit au mecs : « On s’en fout d’où on vient, on veut aller ensemble en Top 14. » Rien qu’à leur regard, j’ai senti la force de l’équipe.

Donne-nous une anecdote après la finale…
La communion avec les supporters, qui envahissent le terrain, c’était fabuleux. Au retour des vestiaires, je me souviens qu’il n’y avait pas une bière, même chaude (rires) ! Je dis à notre Fonfon national, totalement débordé par les événements et par l’émotion « Fonfon, il n’y a rien à boire, c’est une finale, qu’on gagne ou qu’on perde il nous faut bien une bière quand même ! » Il a eu beau se démener, impossible d’en trouver, rupture de bière dans les buvettes. On a eu un vestiaire… à sec ! Un voyage retour en bus sans la moindre canette à partager. On s’arrête à une station service, Laurent Marti va lui-même essayer d’en acheter mais il revient bredouille, le débit d’alcool y étant interdit. On arrive à Bègles dans un état de sécheresse lamentable (rires). Mais on se rattrape plutôt bien après… quel accueil incroyable par les supporters, la bodega, bondée, l’ambiance… c’était génial.

Aussi impliqué que tu peux l’être actuellement à Biarritz, arrives-tu à suivre les performances de l’UBB ?
Bien sûr ! Pas seulement les résultats, je suis avec attention tout ce qui touche à l’UBB, les matchs comme les actus du club. Je le fais par intérêt professionnel, mais aussi voire surtout en tant que supporter !

Merci Matthew, et bon match de barrage !