Rétro 10 ans - Un crampon sur la lune

 

Un crampon sur la lune - par Gérard Piffeteau

Que faisiez-vous le 20 juillet 1969 lorsque Neil Armstrong a fait ses premiers pas sur la lune ? Moi ? J’étais planté devant le téléviseur d’un camping de Saint-Jean de Luz. Mais aucun média ne m’a posé cette question qui fleurit à chaque anniversaire d’un évènement marquant de notre histoire, finale de la Coupe du monde 98, attentats de New-York, mort de Michael Jakson... « Que faisiez-vous ? » Rarement je me souviens. 


Et vous, que faisiez-vous le 22 mai 2011 à l’heure de gloire qui vit les conquérants de l’UBB poser pour la première fois leurs crampons sur la planète Elite en détournant le vaisseau albigeois de son orbite ?
De cette fabuleuse journée je me souviens car j’étais présent sur la zone d’atterrissage du stade Armandie d’Agen. Je peux le prouver, mon vibrant témoignage existe en noir sur jaune dans les pages du Midi Olympique de l’époque (ci-dessous, avec l’aimable autorisation de Midi Olympique NDLR) Neutre et objectif, c’est une question de déontologie, mais intérieurement quel bonheur ! Impressionné par la marée humaine portant son idole Blair Connor vers le ciel, comme une offrande au Dieu rugby, le manager Marc Delpoux - architecte du projet de jeu qui allait séduire le peuple girondin - avait craqué. Payé de son engagement sans faille, le président Laurent Marti pouvait déclarer qu’après la naissance de ses filles, il vivait le plus beau jour de sa jeune existence.

Mais il nous reste le sentiment que c’est dans les coulisses, invisibles du grand public, que se sont nichés deux des moments les plus forts de cet exploit. Le discours d’avant-match de Delpoux d’abord, vingt minutes d’une grande intensité au cours desquelles les acteurs furent notamment remerciés d’avoir cru dans le projet sportif. Le capitaine Matthew Clarkin intervenant pour tracer la voie : « Peu importe d’où on vient mais on sait où nous voulons aller ensemble. » Et pas un seul n’a manqué l’importantissime rendez-vous avec son destin. Dans le bus du retour ensuite lorsque, pour répondre aux critiques du manager albigeois Henry Broncan sur le cosmopolitisme de l’Union, le collectif avait entonné d’une même voix une vibrante marseillaise. Les étrangers en question n’étaient pas nés au coin de Musard, mais Adams, Avei, Chalmers, Clarkin, Connor, Frazer, Purl, Treloar et leurs congénères portaient le club dans leur cœur. 


Avec le recul, je mesure combien ce collectif de vingt-trois rugbymen avait fière allure. Tout a été dit, écrit et montré sur le retour triomphal des héros à Musard, submergés par la liesse populaire. Inutile de demander à Heini Adams et Laurent Ferrères, toujours membres de l’UBB, ce qu’ils faisaient en ce fameux 22 mai. Ils ne pourront jamais oublier qu’ils portaient avec fierté les maillots 9 et 22. Clément Maynadier ne peut pas non plus avoir chassé de sa mémoire qu’il a ferraillé, lui, dans le camp des vaincus. Sa position actuelle au sein du groupe est unique qui lui vaudra de figurer en surbrillance dans la galerie des portraits des joueurs « centenaires » qui ornent les murs du Ceva Campus. 


Ceux d’aujourd’hui et leurs staffs, soulagés d’avoir tordu le bras musclé du CO, victorieux à Agen vendredi soir, et dès lundi concentrés sur la réception de Montpellier, sont à leur tour en capacité d’écrire une nouvelle page glorieuse de l’histoire du rugby girondin. L’excitation est à son comble, cela ne vous rappelle rien ?

Gérard Piffeteau

 

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