Afa Amosa : J'attends ce moment, j'ai faim !

Prêt à retrouver les terrains après sa blessure au genou durant la Coupe du monde, Afa Amosa se confie avant la réception du leader, Lyon, samedi à 15h30 dans un stade Chaban à guichets fermés.

 Afa Amosa est prêt à reporter le maillot de l'UBB.
Photo UBB / Afa Amosa à l'entraînement avec l'UBB.

Quel souvenir gardes-tu de ta Coupe du monde ?
C'était une bonne expérience pour moi. Je crois que c'est vraiment l'objectif de tout joueur, moi c'était mon rêve. Mon plus grand souvenir ce n'est pas le match, c'est la cérémonie d'ouverture : quand on est arrivé et qu'on est entré dans la salle, on a vraiment senti que c'était quelque chose de grand.

Peux-tu nous raconter ta blessure ?
Ça s'est vite passé. Quand j'attrape le ballon je vois la ligne et j'y vais. Je vois le mec arriver et je pense qu'il va me plaquer en bas mais il m'attrape plus haut, je n'étais pas prêt. Il me prend la tête et je sens son poids qui part de l'autre côté. J'essaie de le contenir mais je sens mon genou rentrer. Directement je sais que c'est les MCA, même si je ne sais pas si ce sont les croisés ou pas. En même temps, quand je sens ça, je vois la ligne et je veux finir mon travail. Je me dis que c'est ma dernière action de la Coupe du monde, mon nom sera écrit, premier match : essai (rires) ! J'avais davantage confiance pour me faire opérer ici, avec le staff médical et la clinique du sport plutôt qu'au Japon.

Le premier ballon sera important pour gagner cette confiance, je l'attends. Le premier ballon et le premier plaquage. Comme ça, mentalement, je vais basculer direct.
Afa Amosa, 3e ligne de l'UBB

Maintenant tu es prêt ?
Ça fait 4 mois que je pense à ça. Je ne pense pas tellement à mon genou, je pense au mental. J'ai fait toute la rééducation, tout le travail pour le genou... Mais si je ne suis pas à 100% dans ma tête pour jouer, quelques fois en portant le ballon, j'ai peur. Salim (Aouiche, préparateur physique en charge de la réathlétisation) et Seb (Nieto, kinésithérapeute) m'ont beaucoup aidé, ils m'ont dit que j'avais fait tout le travail et que maintenant mon genou était très solide, que maintenant ça se jouait dans la tête. J'ai fait mes premiers entraînements, et ce n'est pas mon genou qui est en difficulté, c'est le cardio (rires) ! Ça pique hein ! Comme tout joueur qui revient de blessure, je ne suis pas à 100% mentalement, je pense que je suis à 90-95%. Le premier ballon sera important pour gagner cette confiance, je l'attends. Le premier ballon et le premier plaquage. Comme ça, mentalement, je vais basculer direct : "Ok, ce n'est pas l'entraînement, tu es là pour jouer pour l'équipe et être à 100% à chaque fois". J'attends ce moment, j'ai faim ! 

Il y a une forte concurrence à ton poste à l'UBB. Comment le vis-tu ?
Ce n'est pas vraiment une question que je me pose... Il n'est pas question de moi mais de l'équipe ! Si l'équipe est bien, ça se passe bien. Si tu n'es pas titulaire, les remplaçants sont très importants, ce sont eux qui finissent le match. Et si tu ne joues pas, ton rôle est important pour préparer l'équipe. Si Marco (Tauleigne) ou Scottie (Higginbotham) jouent et que je suis remplaçant, ça ne me pose pas problème. J'ai un job : finir le match. Si je suis titulaire et qu'on me sort, ce qui est important c'est de laisser l'équipe devant au score. Je ne suis pas jaloux, je suis un compétiteur. 

A quoi t'attends-tu face à Lyon ?
C'est l'équipe en forme en ce moment, ils jouent beaucoup avec le ballon et ont des avants très forts. Ils ont un style qui nous ressemble un peu. Je pense qu'ils viennent pour jouer au ballon, le faire vivre. Sur leurs deux derniers matches ils ont mis beaucoup de vitesse dans le jeu.

Quels sont leurs joueurs clés ?
Je dirais Liam Gill, je le connais bien. Il est plus jeune que moi mais il jouait dans la même compétition en Australie. Il est fort. Il peut être le "X factor" de Lyon. Lui et le centre, Ngatai. Wisniewski aussi, s'il trouve le rythme dans le match, l'après-midi sera dure. Il a un bon coup de pied, une grosse intelligence rugbystique. Il faudra lui mettre beaucoup de pression.

Afa Amosa de retour avec l'UBB
Photo UBB / Afa Amosa travaille pour revenir fort avec les Bordeaux & Blanc.

Si le public s'enflamme, ça peut vraiment nous permettre de passer la vitesse supérieure.
Afa Amosa, 3e ligne de l'UBB

Quelle sera la clé du match ?
Défense. La défense, vraiment. Pour moi, la défense gagne toujours les matches, même si nous avons aussi besoin de marquer des essais (rires). Nous avons aussi des "X factors" dans l'équipe, derrière, ils finissent le travail. Nous avons beaucoup de mecs forts devant : Jandre est revenu fort de sa blessure, Mamad est bon, Alex commence à avoir pas mal d'expérience, il est mature et intelligent, Woki commence à être bien aussi... Mais je crois que nos "X factors" ce sont les trois-quarts comme Semi (Radradra), Seta (Tamanivalu) ou Santiago (Cordero), "The Pocket Rocket" ! Il est petit, tu peux le mettre dans ta poche, mais quand tu le lâches c'est une fusée.

A ton avis, ce sera un beau match ?
Quand je dis que ce sont deux équipes qui se ressemblent un peu, imagine si les deux arrivent à mettre en place leur jeu... Beaucoup d'attaque, beaucoup d'essais, beaucoup de plaquages ! Ce serait beau à voir ! J'espère qu'on va gagner.

Chaban sera à guichets fermés, c'est un plus pour l'UBB ?
Oh ! J'ai oublié d'acheter des places, ma famille m'en avait demandé (rires) ! Pour moi c'est énorme, le public est très important, c'est vraiment le 16e homme dans le match. Si le public s'enflamme, ça peut vraiment nous permettre de passer la vitesse supérieure. Le rugby c'est ma passion, mais si le public est content, je le suis aussi.