Le droit de rêver

« Nous sommes en 2014 après Jésus Christ, et l’Union a déjà triomphé au moins une fois de toutes les équipes de Top14. Toutes ? Non ! Une équipe d’irréductibles auvergnats résiste encore et toujours à l’UBB. Et cela n’est pas facile pour nos joueurs girondins, leur staff et leurs supporters. »

Cette présentation, inspirée de la célèbre introduction d’Uderzo et Goscinny, valait jusqu’à samedi. Depuis son retour dans l’élite et malgré de magnifiques performances à domicile depuis trois ans, le constat était là : jamais l’UBB n’avait battu l’ASM, en cinq rencontres. Rentrés sur la pelouse d’un stade Chaban-Delmas plein à craquer et bouillonnant avec la ferme intention d’enfin venir à bout de l’ogre clermontois, nos Girondins se montraient pourtant timorés et approximatifs durant ce premier acte. Peut-être un peu stressés par l’enjeu, les hommes de Raphaël Ibanez eurent du mal à mettre en place leur jeu, gâché ca et là par un en-avant ou une incompréhension. Pas avantage de réussite du côté Clermontois et un un petit 3-3 après vingt minutes de jeu. Il fallu attendre la 25’ pour voir la première belle offensive sous les acclamations des 31 233 spectateurs, lorsque Connor déchira le rideau Clermontois pour n’être repris qu’à quelques mètres de la ligne.

Les défenses prenaient le pas sur les attaques tandis que les deux buteurs se répondaient, 6-6 (35’). Alors que l’on semblait se diriger vers un score de parité à la mi-temps, le déclic vint d’une relance clermontoise. Sur ses 22m, Byrne perça au centre avant d’envoyer sur l’aile Zirakashvili puis Vermeulen, trop court en cannes pour filer à l’essai. Mais le jeu rebondit au près sur les 5m girondins, et ce fut finalement ce même Vermeulen qui aplatit en coin malgré le retour de Talebula, 6-13 (38’). Sur la sirène, une ultime faute des Jaunards permit cependant à Bernard de rapprocher les siens avant la pause, 9-13 (40’). Revenus sur le pré avec la ferme intention de changer les choses, les Bordelo-béglais se montrent plus incisifs. C’est finalement Talebula qui fait sauter le verrou asémiste : après s’être emparé du cuir sur l’aile, il tape à suivre pour lui-même avant de mettre les gaz et de sauter dans l’en-but pour son douzième essai cette saison, 16-13 (46’).

Mais à peine repassés en tête, les Girondins retombent dans leurs travers, permettant à James de ramener les siens au score, 16-16 (57’). Se remobilisant, ils reprirent de l’allant, s’en remettant notamment à Talebula, auteur d’une nouvelle percée relayée par Madaule (62’). La partie s’emballe enfin, surtout que sur l’action suivant, Vosloo fut à son tour en position de marquer, avant de manquer sa passe au pied (64’). Tandis que Bernard trouvait le poteau pour la deuxième fois du match (67’), on entrait dans le money-time. Après Connor, Talebula et Sivivatu, c'est un autre ailier qui se mit en lumière : Nakataici relança de ses 22m jusqu’au milieu de terrain, effaçant plusieurs défenseurs (75’). Finalement, alors qu’un score serré se dessinait, ce fut le magique Talebula qui eut le dernier mot, quand sur un par-dessus mal négocié de Rougerie, Clarkin récupéra au sol pour passer à son ailier lancé qui s’échappa seul pour s’envoler sous les poteaux et signer un doublé, confortant son statut de meilleur marqueur du Top14 (78’). Au coup de sifflet final, les Clermontois se trouvaient privés de bonus défensif.

En dominant pour la première fois l’ASM, l’Union s’est offert le droit de « regarder le ciel », comme dit son président. Avec un match de retard et un calendrier favorable, l’UBB peut penser aux barrages. La fin de saison s’annonce palpitante !

Allez l’Union !