INTERVIEW BENJAMIN KAISER
Benjamin, à titre personnel, la fin 2012 doit être excellente : retour en Equipe de France, Clermont dans le trio de tête du TOP 14, deux superbes victoires en HCup contre le Leinster, que faudra-t-il te souhaiter pour 2013 ?
Déjà une bonne santé parce que c'est la base de la joie, de la bonne humeur, que ma femme et ma famille soient heureuses et en bonne santé. Ensuite, oui c'est vrai, une fin d'année 2012 tout à fait exceptionnelle, mais dans la lignée des dix premiers mois que je viens de passer à l'ASM où je me régale tous les jours et je pense que ça s'en ressent. Ensuite, il n'y a pas de hasard dans ce genre de situation, quand le club tourne bien, qu'il est sur le devant de l'affiche, ça nous permet de tirer un peu notre carte personnelle. Après ce qu'on peut me souhaiter de personnel, et bien c'est que l'on concrétise cette merveilleuse aventure que l'on vit depuis un an et demi par un titre. C'est vrai que l'année dernière on a fait une saison remarquable, mais on n'a rien gagné. On a perdu deux fois en demi-finale, et on est resté un petit peu sur notre faim. Maintenant on peut monter deux marches supplémentaires et arriver deux fois en finale, mais sans rien gagner non plus. Alors on peut nous souhaiter beaucoup de bonheur, de santé et ensuite un titre, ça sera déjà très beau. Un seul titre parce que je pense que le doublé est quasiment impossible.
Deux équipes françaises ont dominé ce deuxième round de la H.Cup, Toulon et Clermont. N'est-ce pas d'une certaine manière un message envoyé aux concurrents du TOP 14, disant : "Attention, nous sommes en forme" ?
Ce n'est pas pour faire de la fausse modestie, mais je ne pense pas ; ce n'est pas parce que Toulouse est allé perdre aux Ospreys qu'ils sont forcément à la rue en TOP 14. Il y a quand même une différence monstrueuse de jeu, d'arbitrage, dans les intentions et chez les adversaires, entre la H-Cup et le TOP 14, et surtout il y a un impératif de victoire et un impératif de temps qui est construit dans ce calendrier infernal qui fait qu'en H-Cup. Nous avons passé en quelque sorte un trente-deuxième de finale en octobre, un seizième le week-end dernier et ça s'enchaîne comme ça. Il y a une telle importance donnée à ces fenêtres de Coupe d'Europe que c'est compliqué de savoir comment jouerait Toulouse, comment jouerait le Racing, Montpellier ou n'importe quelle autre équipe si elle devait jouer une finale demain. Je pense que c'est impossible d'anticiper ça. Maintenant le seul message est qu'en ce moment tout va très bien pour nous. Toulon lui depuis le début caracole en tête que ce soit en TOP 14 ou en H-Cup, il marche un peu sur l'eau, ça c'est un message qui a été envoyé depuis belle lurette. Nous on a eu un départ un peu plus poussif, mais c'est vrai que cette Coupe d'Europe nous a mis plein d'oxygène dans les poumons parce que on s'y régale, on a fait de belles performances concrétisées par quinze jours extraordinaires. Mais ce n'est pas un message pour le reste du TOP 14 parce qu'ils savent très bien que l'important c'est de gagner les trois derniers matchs. Pour le reste de la H-Cup, énormément de choses vont changer, parler d'une future qualification pour un quart début avril... C'est une éternité et il peut se passer énormément de choses d'ici là. Nous on se concentre uniquement sur notre poule, sur nos matchs et on est évidemment absolument ravis des résultats des quinze derniers jours.
Match fou, avec beaucoup de combat et d'engagement, le physique en a certainement pris aussi un coup (quatre blessés semble-t-il), cela ne va-t-il pas se ressentir un peu vendredi à Bordeaux ?
Si, évidemment, je pense que ça va se ressentir. L'intensité du combat pendant les quinze derniers jours a été de très très haut niveau, ce fut des matchs internationaux. Maintenant à Clermont, on a la chance d'avoir un management et un staff qui a anticipé ça depuis longtemps. Et puis on a la chance d'avoir une profondeur de groupe merveilleuse. On l'a déjà montré depuis le début de l'année, et même l'année dernière, dès qu'on faisait tourner, ça n'altéré en rien les performances de l'équipe. Les postes sont doublés, voire triplés, donc ce n'est pas du tout une excuse. En tout cas la fraîcheur mentale est là, les victoires mettent des ondes positives dans le groupe. Maintenant il y a quelques bobos à soigner, mais ceux qui ne pourront pas jouer seront remplacés par des mecs quasiment aussi bons alors…
Comment vois-tu ce match contre L'Union vendredi prochain ?
Très dur ! Pas parce qu'on sort de la Coupe d'Europe, mais tout simplement parce que Bordeaux depuis un an et demi qu'on les découvre est une équipe archi joueuse, portée sur l'offensive et fière de ses couleurs. Même s'ils ont eu un début de saison un peu plus compliqué que l'année dernière parce que plus attendus tout simplement et que c'est pas facile, et puis j'ai l'impression qu'ils traînent un peu comme un boulet cette défaite en ouverture contre Grenoble. Un match compliqué pour nous, avec Toulon qui imprime un rythme infernal à ce championnat, Toulouse qui lui colle au train, on ne peut pas se permettre de lâcher un match, ça n'existe pas cette année, donc on va y aller avec beaucoup d'intention et tâcher de faire un grand match. Ca sera très très dur parce que les bordelais vont nous attendre de pieds fermes, ils ont eu deux semaines pour préparer leur match de manière un peu plus stratégique et plus précise que d'habitude parce qu'ils n'auront vraiment focalisé que sur nous...
Merci Benjamin et bon match.
Jacques