INTERVIEW DE PIERRE RABADAN (STADE FRANCAIS)

Pierre, comment as-tu fait pour mener de front une carrière de rugbyman de haut niveau et des études de très haut niveau (Ecole de journalisme puis Sciences Po) ? Et finalement est-ce qu'être diplômé t'as été utile dans ta carrière sportive ?

Question assez particulière, laissez-moi réfléchir… je suis entré à Science Po l'année dernière et je n'en suis pas encore sorti. J'ai fait une école de journalisme avant, mais au début de ma carrière sportive, j'ai pu me concentrer davantage sur le rugby que sur les études et c'est grâce à cela que j'ai atteint le haut niveau. Une carrière de rugbyman s'arrête à environ trente-cinq ans et à cet âge-là on a encore une grande partie de sa vie professionnelle devant soi.   C'est bien de continuer à se former pour l'après-rugby. Après est-ce un avantage pendant sa carrière rugbystique ? C'est à la fois un inconvénient parce qu'il faut mener deux choses de front, et au niveau des horaires ce n'est pas facile. On néglige parfois aussi la récupération physique parce qu'il faut travailler ou aller suivre des cours. D'un autre côté ça amène une ouverture d'esprit qui est intéressante et qui permet peut-être d'être plus performant dans son sport. Les centres d'intérêt parallèles à une carrière de rugbyman sont autant de paliers de décompression. Mais c'est bien sûr aussi valable dans tous les autres sports et dans la vie en général !


L'an passé, démarrage difficile du Stade Français, on accusait un peu la Coupe du monde. Cette année le démarrage est encore un peu laborieux, doit-on accuser le IV nations de l'hémisphère sud et les absents argentins, le changement de staff, ou le mal est-il plus profond?

Il n'y a rien ni personne à accuser. C'est vrai que l'an dernier il y avait la Coupe du Monde et que les effectifs de certains clubs ont été un peu tronqués. Pour nous c'était un peu calme mais l'effectif n'était pas au complet non plus. Cette année ce n'est pas du tout le cas, il ne faut pas chercher ce genre d'excuses, c'est simplement les performances qui ne sont pas pour l'instant à la hauteur des ambitions du club. Je ne sais pas si le mal est profond, je ne le pense pas. Il y a un nouveau staff et des nouvelles idées qui sont véhiculées et on y adhère bien, mais il faut que ça s'exprime mieux sur le terrain. On a un gros problème d'efficacité aujourd'hui. On se rend compte qu'on est plutôt bons en conquête, on a beaucoup de ballons, mais on ne marque pas beaucoup.

En ce début de championnat, le jeu est haché par les fautes sur les mêlées et les sanctions qui pleuvent. Es-tu de ceux qui pensent que les arbitres sont trop sévères, ou au contraire qu'ils ont raison et que les premières lignes vont rapidement s'adapter et faire des mêlées correctes ?

Le premier élément est qu'à chaque fois qu'il y a des nouvelles règles et j'en ai connu pas mal, c'est toujours la même chose en début de saison, il y a une exagération pour qu'on montre qu'il y a de nouvelles règles et qu'il faut les appliquer, etc. Cette année je pense qu'il y a un abus du sifflet d'une manière générale qui est lié un peu aux débordements qu'il y a eu l'année dernière et aux nouvelles règles qui sont mises en place. C'est vrai que c'est assez pénible, si le ballon est exploitable... qu'il soit exploité ! Deux mêlées sur trois se terminent par un coup de sifflet, bien sûr les joueurs vont s'adapter un peu, mais je crois que c'est un problème plus global, si le ballon est disponible et qu'on peut le jouer, il faut le jouer. Il faut arrêter de siffler pour appliquer la règle parce que si on fait ça, le rugby ne ressemblera plus à rien. Chaque ruck pourrait finir sur un coup de sifflet si on appliquait les règles vraiment à la lettre. Il faut un état d'esprit qui soit un peu tourné vers l'offensive et le spectacle, en tout cas c'est mon point de vue.

Le 31 décembre 2011, à Chaban Delmas, l'UBB était en pleine euphorie et gagnait contre Paris avec le bonus offensif. Samedi c'est votre retour à Chaban, ce match va-t-il avoir pour vous un sens particulier, quelque part un goût de revanche, même si blessé tu ne joueras pas, comment vois-tu ce match?

Il va avoir une saveur particulière, mais pas de revanche parce que le contexte est différent. L'histoire dit que l'an dernier on n'était pas prêt pour ce match là et qu'on a pris une belle correction. Aujourd'hui le contexte du match pour nous est que nous avons besoin de nous remettre en ordre de marche et qu'on a besoin de points. Ca, c'est une certitude. J'espère qu'il fera beau, et si c'est le cas, ça va être un match très ouvert, d'abord parce que Bordeaux est une équipe qui joue beaucoup. Nous, nous sommes une équipe qui ne ferme pas trop le jeu non plus, donc ça devrait être agréable à jouer comme à voir. Difficile de se prononcer, je pense que ce sera un match assez serré, avec je l'espère du jeu et pas seulement de l'occupation et beaucoup de jeu au pied.

Merci Pierre et bon rétablissement..





Jacques

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