L’UBB VOIT L’AVENIR EN ROSE

Si près de 34 000 personnes remplissent le stade Chaban Delmas ce soir, c’est que ce match Bordeaux-Toulouse est plus qu’un simple match de Championnat. C’est d’abord l’affrontement légendaire entre les deux capitales jumelles du grand sud-ouest, puisque jamais l’une n’a accepté la primauté de l’autre. Sur le plan rugbystique, cette rencontre renoue avec les grandes heures du rugby girondin. Les deux titres de champions de France de 1969 et de 1991 ? Remportés contre Toulouse. Quand au dernier derby garonnais, il remonte à 1993, révèle Alphonse Miralles, le manager sportif de l’Union qui a longtemps officié au CABBG. Il y a 19 ans, Bordeaux-Bègles était allé gagner à Toulouse.
Aujourd’hui, le rapport de forces est à l’avantage écrasant des Rouge et Noir. Le premier budget du Top 14, un abonnement aux titres de champion de France, une collection d’internationaux… Sur le papier, un promu de l’année comme Bordeaux, avec le plus modeste budget du championnat et peu de profondeur de banc, ne peut pas l’emporter. Mais la vérité du pré n’est pas toujours celle des chiffres, heureusement pour le sport.
Ce soir l’UBB a fait les choses en grand. 10 000 drapeaux distribués dans le stade, des pom-pom girls, un match de rugby à 7 à la mi-temps… Ne manque plus que la victoire.

Le match commence avec beaucoup d’intensité, à l’image de ce coup de pied millimétré de Reihana pour Connor à l’aile dans les 22 m toulousains dès la 2’. Les protégés du président Marti savent que leur salut passera par le jeu. Face au champion de France qui sait ce qu’accélérer veut dire, il y a fort à faire. Mais la mêlée tient et la première touche toulousaine, captée par Purll, procure aux locaux leur deuxième ballon d’attaque, entreprise qui n’est stoppée qu’à quelques mètres de la ligne. Sur l’action, le centre toulousain David écope d’un carton jaune.  Quelle entame de match !
Lopez échoue dans sa première tentative de scorer sur pénalité à la 7’. Son homologue Beauxis par contre trouve le chemin des perches bordelaises une minute plus tard. 00 - 03. À la 14’, une occasion d’égaliser est aussi manquée. Ce manque de réussite ne va-t-il pas handicaper les Bordeaux et Blanc ? Car Bordeaux confisque le cuir et domine globalement les débats. Cet ascendant se concrétise enfin à la 17’. 03 - 03. Mieux, trois minutes plus tard, en conclusion d’une belle offensive au large, Lopez en position favorable tente le drop de 35 m et le réussit. 06 - 03. Le stade gronde son plaisir. Les toulousains se montrent rapides et dangereux dans leurs attaques, mais aujourd’hui, les bordelais défendent comme des morts de faim. Efficaces dans les rucks où ils parviennent à gratter des ballons, excellents en touche, ils parviennent à se dégager quand la pression se fait trop forte dans leurs 22m (25’). Le duel de buteurs continue. Lopez mis en confiance rend coup sur coup à Beauxis. 09 – 06 à la 29’.
Les offensives rouge et noir mettent le feu près de la ligne locale, mais les avants de l’Union sont au four et au moulin et n’hésitent pas à soulever de la viande pour repousser les assauts. Beauxis égalise à la 37’, mais Bordeaux ne lâche rien et après une bonne touche aux 22m visiteurs, obtient une pénalité sur la sirène, que Lopez inscrit sans trembler. 12 - 09 à la pause. Le score reflète la physionomie de cette première mi-temps d’engagement total des girondins. On se prend à rêver de conserver cette avance jusqu’à la 80’. Le jeu développé le permet. Mais la longueur de banc toulousaine peut renverser la tendance.

La seconde période commence comme la première, avec du jeu ouvert et des accélérations qui tiennent le stade en haleine. Les toulousains montrent dans les contres leur redoutable efficacité. 12 - 12 à la 45’. Sur la touche unioniste suivante, un lancement de jeu rapide amène les avants à 5m de la ligne des visiteurs. S’ensuit une série de picks & go qui se termine en terre promise. Mais l’arbitre vidéo ne valide pas l’essai. Lopez console les siens d’une pénalité, 15 - 12 à la 50’. Les Haut-Garonnais marquent le pas. Jauzion manque un dégagement, Connor perfore la défense et n’est arrêté qu’à 5m. À la 55’, l’UBB peut continuer à y croire avec 3 points de plus dans son escarcelle. 18 - 12. Le stade le sent bien et commence les olas. Le jeu devient alors débridé. Les hommes de Guy Novès relancent tous azimuts et il faut toute la solidarité des unionistes pour résister, comme à la 65’, où Adams se jette sur un ballon tombé dans ses 22m et sauve la patrie. À la 71’, la tension monte encore d’un cran quand Toulouse tape une pénaltouche à 5m. Mais le redoutable contre bordelais est à la manœuvre. Ballon capté et dégagé ! L’alerte a été chaude. Les toulousains n’ont aucune intention de perdre ce match et insistent. Nouvelle pénaltouche à 5m. Cette fois, le ballon est pour eux. Les avants font leur travail et l’ailier Donguy trouve l’espace en coin. Essai validé à la vidéo. 18 - 17. L’UBB va-t-elle se faire subtiliser sa victoire dans les 5 dernières minutes, comme cela est arrivé contre Montpellier ?
Le pied de Beauxis en décide autrement. Transformation (difficile) manquée. Il reste  4 minutes à jouer. Les bordelais mettent leurs ultimes forces dans le combat et s’arrachent en défense, étouffant toutes les tentatives toulousaines de revenir dans la moitié de terrain locale. Le scénario de rêve se réalise. À la 79’, l’Union hérite d’une touche et, quelques petits tas plus loin, Seron tape en touche sur la sirène. Victoire !
Victoire du courage, de l’abnégation, de la foi dans son jeu, de la générosité. Quelle récompense pour les joueurs, pour le Président Marti qui avait marqué ce jour d’une croix blanche. Pour reprendre une citation célèbre, on peut dire aujourd’hui : “Les toulousains ne perdent jamais, mais quelquefois, on les bat.”

Après le coup de sifflet final, coachs et Président sont aux anges, mais Marc Delpoux prend soin de préciser : “ Bien sûr, ce résultat est primordial et nous rapproche de notre objectif, mais on n’y est pas encore. Il nous faut encore au moins une victoire pour assurer notre maintien.” Laurent Marti lui, n’en finit pas de féliciter ses joueurs et savoure l’instant. “Au fond de nous, on rêvait de battre le Stade Toulousain, mais ce qui s’est passé ce soir est hallucinant. Il faut que ce match soit le début de notre deuxième histoire, celle qui va nous amener, je l’espère, à jouer un quart de finale dans deux ans et à soulever dans un avenir proche le Bouclier de Brennus au stade de France. C’est ça qu’on veut.” Nous aussi.

UNION BORDEAUX-BÈGLES 18 – 17 TOULOUSE

Prochain match contre Lyon au Matmut Stadium de Vénissieux le 31 mars à 14h15. 

Allez UBB

Arbitre Monsieur Pascal Gauzère, T° 10°C, pas de vent, terrain excellent.

Composition de l’équipe : Delboulbes, Avei, Roux, Leo, Jaulhac, Purll, Chalmers, Clarkin, Adams, Lopez, Connor, Mailei, Rey, Lilo, Reihana.

Remplaçants : Bethery, Forbes, Tisseau, Ternisien, Seron, Fraser, Carballo, Toetu.

 


Serge