BORDEAUX ASSURE LE SPECTACLE, CLERMONT ASSURE LA VICTOIRE
Ambiance des grands soirs à Chaban, devant près de 26 000 spectateurs (record absolu), face à une belle équipe de Clermont dont le buteur n’est autre que l’Australien Brock James et dont le banc résonne de grands noms, comme Vermeulen ou Skrela.
Moment d’émotion d’avant-match tout d’abord, quand le stade tout entier scande Lau-rent ! Lau-rent ! à l’intention de Laurent Armand, l’entraîneur des avants de l’UBB, hospitalisé pour un AVC à quelques centaines de mètres du terrain.
L’absence de ce coach sera-t-elle préjudiciable, face à l’un des packs les plus puissants du championnat ? La première mêlée où l’Union se fait emporter le fait craindre. Dès la 4’, Brock James, excellent ce soir, passe les 3 premiers points de son équipe.
Devant une équipe aussi rodée, l’Union va devoir être à 100% et ne laisser passer aucune occasion. La première touche est bien négociée et les partenaires de Clarkin se lancent dans le match comment ils savent le mieux le faire : En envoyant du jeu. Sous pression, les clermontois concèdent leur première pénalité. Une occasion d’égaliser que Reihana manque. Qu’importe. À partir de cet instant, Bordeaux va monopoliser le ballon, multipliant les attaques et enthousiasmant le public. Percée d’Adams, charge d’Avei, mêlée cette fois bien tenue dans les 22m de Clermont. Et une nouvelle pénalité à transformer. Malheureusement, l’arrière de l’Union Reihana n’est pas dans un bon jour et manque une seconde fois son coup de pied. Les supporters soupirent pour ces précieux points laissés sur le chemin.
Ce manque de réussite au pied n’empêche pas l’Union de pratiquer un jeu rapide et généreux, parfaitement dynamisé par le duo Fraser Adams, qui font circuler le ballon d’une aile à l’autre. Bordeaux fait le spectacle, mais ne trouve pas la faille dans la défense auvergnate. Il en est tout autrement pour les visiteurs qui gagnent leur premier ballon d’attaque à la 17’ sur récupération. Après trois temps de jeu, un surnombre à l’aile gauche envoie le numéro 15 Buttin derrière la ligne. Essai, que le buteur ne transforme pas. 00 – 08 à la 20’.
Les bordelais ne baissent pas les bras et reprennent leurs offensives au large, en s’appuyant sur une touche conquérante et une mêlée stabilisée. Bon signe, à la 29’, la troisième tentative de Reihana face aux poteaux est la bonne : 03 – 08. À la 30’, le pilier Delboubès sort sur K.O, remplacé par Forbes. À la 32’, un carton jaune au numéro 5 clermontois donne aux bordeaux et blanc un avantage numérique avant la pause, qu’il est capital d’exploiter. Une pénalité obtenue dans les 22m auvergnats sur mêlée enfoncée, les joueurs décident de jouer le tout pour le tout et optent pour la pénaltouche. Choix osé ! Après la bonne réception de touche à 5m, s’ensuit une longue séance de pilonnage en règle de la ligne. Le stade hurle son soutien, jusqu’à ce que Forbes délivre les siens par un passage en force magistral. Essai, que Reihana transforme. 10 – 08 à la 39’. La corne retentit sur ce score. Quel plaisir de voir Bordeaux faire ainsi jeu égal avec les champions de France 2010 avec un jeu aussi séduisant !
Bordeaux a toutes les qualités pour l’emporter ce soir, mais l’adversaire n’est pas le premier venu. La longueur et la qualité du banc de touche fait que l’équipe de Clermont est probablement loin d’avoir tout donné. Les hommes de Marc Delpoux vont devoir être très concentrés en cette deuxième période.
Sans surprise, les clermontois reviennent sur le pré animés d’intentions beaucoup plus offensives. Eux qui ont été privés de ballons en première période ont décidé de montrer qu’eux aussi savent faire parler la poudre. Les unionistes mettent en marche la machine à plaquer et arrêtent l’attaque à 5m.
À la 46’, une pénalité bien placée pour l’UBB offre l’opportunité de creuser un peu le score. Mais Reihana, si régulier d’habitude, manque encore la cible. Difficile avec autant de déchet au pied d’envisager la victoire, devant des adversaires aussi coriaces que les troupes de Vern Cotter. Et dans les 30’ restantes, ce sont les auvergnats qui vont se montrer les plus réalistes. À la 50’, face aux perches bordelaises, Brock James remet les pendules à l’heure clermontoise : 10 – 11.
Un nouveau carton jaune contre Clermont pour brutalité donne pourtant une nouvelle occasion aux locaux de reprendre l’avantage. C’est là le tournant du match. Plutôt que de tenter la pénalité, les partenaires de Clarkin préfèrent essayer ce qui leur a si bien réussi en première mi-temps : la pénaltouche en supériorité numérique. Dès lors, un combat de titans s’engage dans les 22m auvergnats. Des nuées de vapeur s’échappent des combattants surchauffés, dans le froid hivernal qui règne sur le pré de Chaban. Les joueurs de l’Union insistent par des départs au ras, espérant ouvrir la brèche. La défense clermontoise tient bon. David Skrela remplace Brock James. Les minutes s’écoulent sans résultat probant et à la 63’, le 3e ligne visiteur exclu est de retour. Il semble que l’UBB a laissé passer sa chance. Les adversaires du jour relancent et l’Union ne doit qu’à un sauvetage in-extremis de Clarkin d’échapper à un essai. Skrela en cette fin de partie ne tremble pas pour assurer la victoire des siens, avec une pénalité à la 70’ et un drop plein d’à-propos à la 78’. Score final 10 – 17. Bordeaux aujourd’hui se contentera du point de bonus défensif.
Aujourd’hui, l’équipe de Bordeaux-Bègles enregistre une courte défaite, mais peut s’enorgueillir d’avoir tenu la dragée haute au deuxième du championnat, qui dispose d’un budget autrement plus conséquent et d’une armada d’internationaux. Le public le reconnaît, qui applaudit longuement les joueurs noirs de boue qui effectuent un tour d’honneur. L’entraîneur Vincent Etcheto analyse : “Nous avons rencontré une bonne équipe de Clermont, très réaliste. On a trop insisté en seconde période sur le jeu à une passe. J’aurais aimé que les ailiers touchent plus de ballons. Aujourd’hui on perd non pas par manque d’engagement, mais par manque de maîtrise.” Marc Delpoux renchérit : “On n’a pas su prendre l’avantage lorsqu’on le pouvait. On ne peut donc pas être déçus par le score. On a été très dominateurs mais pas assez réalistes. Maintenant, il ne faudrait pas que nous accumulions les blessés aux postes importants (Delboulbès, Jaulhac, Purll). La saison est encore longue, nous avons encore besoin de quatre victoires, au moins, pour nous maintenir.” L’épreuve de vérité attend l’UBB vendredi prochain à Moga, pour une confrontation majeure contre Lyon, concurrent direct pour le maintien.