INTERVIEW DE LAURENT MARTI

 

Laurent, nous sommes à quelques jours de la reprise des entraînements "rugby", à quelques semaines de la reprise du championnat, merci de nous accorder un peu de ton temps.
 
Faisons un retour sur la saison passée, l'objectif était de finir huitième, nous finissons neuvième, mais avec 12 points de plus qu'en 2008 2009. Alors, verre à moitié vide ou à moitié plein ?
 
À moitié plein. Je considère que l'objectif est atteint parce que nous finissons neuvième mais à un petit point du huitième donc absolument pas distancé de la huitième place, et parce que nous avons joué la qualification jusqu'à trois journées de la fin. Pour finir parce que nous avons bien redressé la barre alors que nous avions eu un début de saison plus que laborieux.
 
 
Si on regarde l'évolution du classement, après sept matches nous étions 15e relégable, arrivée de Marc Delpoux, et jusqu'à trois jours de la fin du championnat nous étions encore en liste pour les demi-finales. Qu'avais-tu donné comme objectifs à Marc et que nous a-t-il apporté selon toi ?
 
Je n'avais pas donné d'objectif précis à Marc, il savait qu'il fallait remonter au classement et aller le plus loin possible, je crois que Marc a apporté d'abord de l'expérience, un oeil neuf, et un discours peut-être un peu plus rôdé et un peu plus organisé quant aux mouvements collectifs. Pour moi la différence essentielle je l'ai trouvée dans les mouvements collectifs qu'ils soient offensifs ou défensifs, dans l'organisation collective. Ceci dit, il faut reconnaître que le travail de Fredo et la touche de Vincent depuis le début de l'année y sont aussi pour quelque chose dans l'amélioration des résultats.
 
 
Autre événement, l'annonce début février de ton possible départ. Six mois après, le monde économique local a répondu présent, mais a-t-il répondu autant que tu le souhaitais, et cette onde de choc produit-elle encore des effets, l'arrivée de nouveaux partenaires peut-elle en amener d'autres ?
 
Non malheureusement nous n'avons pas eu l'aide que j'espérais. Nous l'avons eu à hauteur de 50 % seulement. Il se trouve qu'en plus j'ai décidé de réinvestir la somme nouvelle que nous avons obtenue en partenariat. Par contre il y a eu onde de choc quand même, parce que je crois que les décideurs politiques, le monde économique et tous les amoureux du rugby ont été conscients que le club était en danger. Oui il y a un effet positif puisque le renouvellement des partenariats a été plus aisé que les années précédentes et surtout la plupart ont revalorisé leur partenariat.
 
 
Où en sommes-nous côté budget 2010 2011 ?
 
On part sur un budget de 5.3M€, 5.4M€, ce qui veut dire que, alors que nous avions fini l'année à 4.6M€. nous avons trouvé pour 600K€ de partenariat nouveau, dit partenariat de crise. Donc nous avons réinvesti 600K€, mais aussi 600K€ supplémentaires.
 
 
Parlons avenir. Au niveau du staff il y a eu le départ du tout béglais Frédéric Garcia et l'arrivée du "béglais stadiste unionistes" Laurent Armand. Après un mois de travail en commun de l'expérimenté Marc Delpoux et de Vincent Etcheto et Laurent Armand, ressens-tu déjà la naissance d'un staff d'entraîneurs pouvant nous amener en TOP 14 ?
 
Il est trop tôt pour parler de top 14. Ce qui est intéressant en effet, c'est que Vincent et Marc ont eu le temps de faire connaissance. Ce sont deux caractères assez forts qui ont des convictions, ce ne sont pas des béni-oui-oui.. Ils ont fini par mieux se connaître, mieux s'apprécier et je crois savoir qu'ils travaillent de mieux en mieux ensemble. Quant à Laurent, il est débutant à ce niveau. C'est quelqu'un qui apprend très vite, qui est consensuel et donc je pense qu'il est parfaitement en place.
 
 
Parlons effectifs. Beaucoup de départs, beaucoup d'arrivées, donc un groupe à construire. Ne risque-t-on pas de le payer sur les premiers matches ? Les matches de préparation vont-ils être particulièrement travaillés ?
 
Je pars du principe qu'en rugby renouveler un groupe représente souvent un danger, mais quand on renouvelle un groupe avec des joueurs de qualité, des joueurs motivés, des joueurs intelligents et qui ont fait leurs preuves, je ne suis absolument pas inquiet. Nous avons justement travaillé en amont de manière à ce que la préparation démarre le plus rapidement possible, c'est ce qui a été fait, de manière à ce que les joueurs arrivent le plus rapidement possible et soient installés le plus vite possible ce qui est le cas puisque tout le monde est arrivé et tout le monde est installé. Enfin on a quand même quatre matches de préparation planifiés donc je suis très serein. Je ne veux pas ce genre d'excuse, je souhaite que nous ayons des résultats tout de suite.
 
 
Nous connaissons bien les anciens joueurs, peux-tu nous présenter rapidement les nouveaux joueurs ?
 
Je commence par les premières lignes, Julien Turini, il arrive de Colomiers, c'est une force de la nature, c'est un joueur qui est très fort en mêlée fermée, et qui a besoin de progresser dans le déplacement.
Ensuite nous avons au talon Ole Avei, il est d'origine Samoa, c'est l'explosivité même, des gros tampons en défense et capable d'avancer fortement sur les ballons et de franchir la ligne.
Il sera secondé aussi par Boris Béthery, garçon que l'on suit depuis un petit moment, il a joué pilier gauche, c'est un vrai talonneur, dur en match, dur au combat et très bon lanceur.
A droite nous avons Sylvio Florea, qui était déjà en 2009 2010 un des meilleurs piliers de TOP 14 à Montauban, et qui le sera forcément en PRO D2, international roumain. C'est un pilier complet qui se déplace, défend, qui a de l'expérience, qui va donc beaucoup nous apporter.
 
En deuxième ligne, nous avons recruté Justin Purll, ce sauteur a été la priorité de Marc Delpoux, il l'a entraîné à Calvisano, il a été champion d'Italie avec lui, c'est un joueur complet, très intelligent, très fort en touche, qui peut jouer également numéro huit. C'est un grand joueur de rugby.
Nous avons aussi Grégory Bernard, c'est le deuxième ligne de PRO D2 par excellence, agressif, dur au mal, dur au combat, c'est un garçon charmant qui a l'envie de rebondir et nous lui donnons sa chance.
 
En troisième ligne, bien évidemment il y a Matthew Clarkin. Il est non seulement un excellent joueur de rugby, mais en plus un homme intelligent, un meneur dans l'âme, c'est une excellente recrue. Je pense que Matthew Clarkin est un numéro huit qui aurait pu jouer dans n'importe quel club du TOP 14, y compris au Stade Toulousain.
Il y a Dan Léo, qui arrive des Wasp, 22 fois international samoan, un monstre physique, un garçon d'une gentillesse extrême, grosse éducation, j'ai été séduit par le joueur, l'homme et son côté îlien, très guerrier sur le terrain.
 
A la mêlée nous avons Heini Adams, il vient du super 14, international Springboks, demi de mêlée complet.
Puis nous avons relancé Julien Seron, Julien qui n'a pas été gardé par Narbonne l'année dernière pour des raisons budgétaires, est quand même un titulaire à part entière. Il n'a que 26 ans mais déjà une cinquantaine de matches de TOP 14 derrière lui, lui aussi est arrivé avec une faim, une envie incroyable, nous croyons beaucoup en lui.
 
En 10 nous avons Gérard Frazer, Gérard a la particularité d'avoir été entraîné et par Vincent quand il jouait à Bayonne (Vincent s'occupait des buteurs), et par Marc Delpoux à Calvisano. C'est un numéro 10 néo-zélandais, numéro 10 complet, qui attaque la ligne, bon buteur, beaucoup d'expérience, ce qui est précieux à ce poste là.
Au centre nous avons Andrew Maile qui est titulaire avec l'équipe du Tonga, qui jouait encore la saison dernière en NPC en Nouvelle-Zélande, c'est un trois-quarts excessivement agressif en défense, complet, très bon joueur de rugby, bon passeur, on compte beaucoup sur lui.
Il y a Julien Rey, que l'on suivait depuis deux trois ans, qui a un profil à la Yannick Jauzion, et qui était suivi par pas mal de clubs de TOP 14. Mais malheureusement pour lui il a été beaucoup blessé ces dernières années, c'est la raison pour laquelle on a pu le recruter. Et ayant peu joué il a été un peu perdu de vue mais nous en avons fait une priorité.
 
À l'aile, nous avons Blair Connor, qui arrive d'Australie. Blair est un garçon qui n'a pas un gabarit extraordinaire, il n'a que 21 ans mais d'une rapidité et d'une explosivité rare à ce niveau. C'est quelqu'un dont la presse australienne s'est alarmée de son départ si jeune. Tout le monde était surpris qu'il vienne en PRO D2.
 
Nous accueillons aussi les jeunes, Adrien Gach, Gautier Gibouin, Guillaume Lafforgue, Darly Domvo, Manu Saubusse, Andrew Chauveau, Vincent Lichaud, ce sont des jeunes que nous intégrerons, et nous pensons qu'ils franchiront un palier.
 
 
Quels sont les objectifs de début de saison et de fin de saison ? Que vas-tu dire au groupe lundi matin ?
 
Je vais dire au groupe lundi matin que dans ce club on est allé au bout des sacrifices, et que l'on a donné tout ce que l'on pouvait pour constituer le meilleur groupe possible, pour les mettre dans les meilleures conditions possibles. Aujourd'hui seul mot compte "gagner", et il faut qu'on gagne. Il faut gagner les matches, on n'aura aucune excuse, il faut gagner gagner gagner et c'est en gagnant et sur les victoires que l'on pourra aller vers le bonheur et continuer à construire et à développer ce club. L'objectif de début de saison est de se rapprocher de la cinquième place le plus rapidement possible, l'objectif de fin de saison est de la conserver.
 
Justement le premier bloc nous fait rencontrer les deuxième, quatrième, sixième et septième de l'an passé. Nous avons donc intérêt à être bien préparés pour marquer les esprits !
 
On a un début de championnat un peu compliqué, mais la PRO D2 c'est compliqué tous les samedis. Il y a 30 matches durs, il y a 30 matches de combat, on sait qu'il y en a toujours un ou deux où on passe à travers, mais on sait aussi qu'on a la chance de pratiquer un sport où ce n'est pas toujours le meilleur qui gagne mais celui qui veut le plus gagner. Donc à partir de là quand on se comporte avec beaucoup d'envie, de rigueur, de solidarité et d'intelligence, c'est un sport où l'on peut gagner beaucoup de matches.
 
 
Il se dit que le premier match contre Colomiers serait avancé au vendredi, qu'en est-il ?
 
Nous avons fait effectivement la demande d'avancer le premier match au vendredi. Nous attendons la réponse qui devrait arriver très très rapidement.
 
 
Parlons montée en Top 14. Fort de notre recrutement qui semble de très grande qualité, vises-tu la montée dès cette année ou donnes-tu plus de temps à l'équipe pour atteindre cet objectif ? 
 
Étant donné la concurrence féroce que nous avons, on ne peut pas aujourd'hui parler de montée en TOP 14. Comme tout compétiteur on fera tout pour y aller. Mais il me semble cette année qu'il y a 5 ou 10 équipes qui peuvent prétendre au TOP 14, donc ce serait un véritable exploit si on montait. On va juste continuer à progresser et une cinquième place nous rendrait extrêmement heureux.
 
 
Nous avons parlé sponsors, joueurs, staff, et côté 16e homme, que penses-tu faire pour avoir plus de supporters, en termes d'attractivité, fidélisation du public... ?
 
Toujours la même réponse, il est exact qu'il y a dans certaines villes de France ou dans certains coins de France un public passionné chaleureux ou tout simplement que dans la ville il n'y a pas grand-chose d'autre à faire que de soutenir son club de rugby mais je dis aussi que nous avons la chance d'être sur une terre de rugby avec une histoire forte, une vraie culture de rugby, la seule chose qui nous manque aujourd'hui, ce sont les résultats. Il faut donner envie au public de venir et pour lui donner envie de venir il faut gagner des matches. Si nous gagnons le public viendra.
 
 
Est-il prévu une présentation du groupe à ses supporters avant le 28 août ?
 
Matériellement ce n'est pas possible, elle est prévue le 8 septembre.
 
 
Penses-tu que la délocalisation des matches d'Agen ou de la Rochelle à Chaban-Delmas puisse nous être profitable ?
 
Non, absolument pas ! Agen et la Rochelle sont de grands clubs de rugby que je respecte, qui travaillent très bien, mais ça reste des concurrents et donc je vis avec une certaine tristesse le fait de les voir venir un peu écrire notre histoire à notre place parce que recevoir le Stade Toulousain, Clermont Ferrand ou d'autres à Chaban-Delmas, ça fait partie de notre projet, ça fait partie des pages de ce club que nous avons à écrire. Donc je le vis avec beaucoup de tristesse.
 
 
La Gironde produit des joueurs de haut, voire très haut niveau (Dussautoir, Fall, Machenaud, Lagarde, Marie, Demaisons...) qui filent régulièrement chez nos adversaires. Comment faire pour les garder, et en attirer d'autres ?
 
Il faut tout simplement monter en TOP 14. Ce sont des garçons qui ont le niveau TOP 14, voire international, à partir de ce moment-là on ne peut pas les garder pour jouer le milieu de tableau de PRO D2.
 
 
Pour conclure, dans quel état d'esprit es-tu face à ce nouveau groupe et cette nouvelle saison ?
 
Je suis confiant, déterminé et impatient que cela démarre.
 
 
Merci Laurent, nous te souhaitons ainsi qu'à tout le groupe beaucoup d'intenses émotions sportives.