INTERVIEW RAPHAEL IBANEZ


Raphaël, peux-tu rapidement te présenter à nos supporters, surtout ta vie hors rugby ?

Je suis né à Dax le 17 février 1973, donc les 40 ans approchent, mais avec sérénité et le sourire, je suis marié et j'ai quatre enfants. Mon parcours rugbystique m'a amené à découvrir différentes cultures, avec d'abord mon club formateur l'US Dax qui m'a permis de découvrir le plus haut niveau, ensuite Perpignan, Castres et une grande et dernière expérience en Angleterre avec le club des London Wasps.


De quoi parlez-vous lors de vos réunions de famille ? (Raphaël est le beau-frère de Richard Dourthe et Olivier Magne et le gendre de Claude Dourthe, ils totalisent à eux quatre 252 sélections en équipe de France et 38 capitanats).

Il est évident que le rugby est souvent au centre des discussions, mais c'est  aussi une question de culture. Forcément avec  deux beaux-frères qui ont porté en même temps que moi le maillot de l'équipe de France, nous avons partagé de grands moments, de grandes émotions et aujourd'hui, c'est encore la passion du rugby qui nous guide, et donc c'est un sujet de conversation très fréquent, très animé aussi, mais c'est ce qui nous passionne, finalement c'est donc très logique. Quant à mes enfants, les gènes rugbystiques sont bien présents, mais pour "dédramatiser" la situation auprès d'eux, je passe beaucoup de temps à leur expliquer que ce qui compte pour moi c'est qu'ils s'épanouissent en faisant du sport ou en se révélant dans d'autres domaines, basket, musique, judo, il y a tellement de domaines dans lesquels les enfants peuvent s'épanouir. L'important est qu'ils soient heureux, tout simplement.


Comme Aimé Jacquet, tu as toujours un petit carnet noir avec toi,  qu'y notes-tu ?

Je pense surtout que j'ai un petit carnet comme beaucoup de managers. J'aurai encore du mal à révéler les petits secrets de mon carnet, mal relié, un peu fatigué mais je pense simplement que c'est une façon de s'organiser, et c'est important pour moi de prendre des notes.


Quels sont les deux/trois points majeurs qui ont fait que tu sois venu à l'Union ?

La rencontre avec le Président Marti, passionné, incroyablement intéressé par le développement de l'Union, par son histoire, et son ambition pour le club. Et puis certainement aussi cet instinct de compétiteur qui ne m'a jamais vraiment quitté depuis 2009 où lorsque l'on doit raccrocher les crampons, on doit aussi anticiper sur sa reconversion, sur la suite de sa carrière, et en fait je crois que c'est plutôt une forme de continuité. Il y a aussi une véritable dynamique que l'on ressent au sein du club. Et puis peut-être mon goût aventurier, mon goût du risque, connaissant ce projet de club qui se développe, qui me donne le sentiment qu'on n'est qu'au tout début d'une aventure.


Justement, Laurent Marti t'a-t-il donné des axes de travail, voir des objectifs ?

Bien sûr, l'objectif pour ce club est de continuer à marquer son territoire au sein du TOP 14. Ensuite si je dois résumer en quelques mots mon action au sein du club en tant que manager, c'est d'abord écouter, écouter les joueurs, écouter l'encadrement technique en qui j'ai entièrement confiance, consulter aussi comme je l'ai fait durant les premières semaines de ma prise de fonction, consulter pour comprendre le mode de fonctionnement de l'Union, son histoire, pour pouvoir faire la transition sans doute avec le futur du club. Et puis trancher aussi, c'est-à-dire prendre des décisions pour le bien de l'équipe, notamment avoir le dernier mot sur la composition de l'équipe après avoir réfléchi avec l'encadrement technique sur ce qu'on a décidé de faire, et ensuite assumer.  Je pense que Laurent Marti cherchait un responsable qui avait de l'énergie, et de l'énergie j'en ai beaucoup.


En prenant possession de ton poste, quelle analyse as-tu faite sur le plan sportif, mais aussi sur les structures et l'organisation interne ?

Ce qui fait l'histoire de ce club, ce sont les gens qui le composent, qui y travaillent tous les jours, le personnel administratif, l'encadrement technique. En fait je crois qu'il y a un bon équilibre entre d'une part la vision que l'on doit avoir du club pour le futur, la nécessité de le rendre encore plus professionnel, plus organisé, et d'autre part en même temps l'esprit de ce groupe, sa convivialité, l'esprit de famille qu'on y trouve. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre ça, pour identifier cet esprit qui est aussi lié au comportement des joueurs. On peut toujours parler des structures, parler de les améliorer, et je crois qu'il y a une bonne marge de progression à ce niveau-là, on peut toujours essayer d'améliorer les modes de fonctionnement, l'organisation, mais les clés du club, ce sont nos leaders, nos figures, nos joueurs professionnels qui eux aussi portent le projet à bout de bras, et je crois que la vraie richesse de ce club ce sont les joueurs qui eux sont parvenus à se créer en l'espace de quelques années une véritable identité. Il y a ces joueurs étrangers qui finalement se sont parfaitement bien adaptés à la vie bordelaise, et puis il y a aussi ces jeunes joueurs français que je souhaite voir dans deux trois ans porter le maillot de l'équipe de France. Voilà je pense que cet équilibre-là est un mélange détonnant, explosif, mais très chaleureux, et finalement c'est pour moi la vraie richesse. Et c'est pour ça aussi que mon premier message en tant que manager auprès de tout le personnel  qui travaille d'arrache pied pour que le club continue à se développer, c'est "tout pour les joueurs", tout pour les mettre dans les meilleures conditions pour qu'ensuite ils soient efficaces sur le terrain.


On vient de vivre quatre semaines de préparation physique, quel bilan en tires-tu ?

On peut toujours aller plus loin. C'est un des messages que j'ai fait passer aux joueurs, à savoir qu'ils ne soupçonnent pas toujours les ressources physiques qu'ils ont en eux, ressources mentales également. On les a mis à rude épreuve, vraiment. On a essayé de repousser leurs limites, et il me semble pour en avoir parlé avec Ludovic Loustau le préparateur physique qui a été un véritable maître en la matière, que  les joueurs sont cette année dans un meilleur état physique que l'an passé à la même période. Ca c'est plutôt encourageant, mais on voit aussi qu'après une période de préparation physique très intense, le transfert vers les sensations de rugby n'est pas toujours facile. On a toujours ce sentiment d'urgence à savoir qu'un sportif de haut niveau ne doit pas attendre. Maintenant que le potentiel physique est là, qu'on le sait, ils peuvent encore aller plus loin à ce niveau-là, ils doivent transférer vite ce potentiel et ces qualités dans le collectif et dans le rugby.


On vient de jouer Dax vendredi dernier et tu nous as donné tes impressions sur ce site, maintenant, comment vois-tu la suite avec ces deux matchs de préparation contre Toulon et Brive, et puis le début du championnat avec les réceptions de Grenoble et Perpignan, matchs de tous les dangers ?

On est encore dans la continuité de la préparation physique puisqu'il faut que les joueurs soient confiants  dans leur potentiel pour soutenir l'intensité du TOP 14, et le niveau TOP 14, il est droit devant avec ce premier match à l'extérieur face à Toulon qui est quand même le finaliste de la saison dernière, et qui présente de sacrées garanties dans toutes ses lignes avec des joueurs de classe internationale. C'est déjà un test majeur pour ce groupe et je pense que c'est un test qui nous apprendra beaucoup sur ses qualités en vue des premiers matchs de championnat parce que les premiers matchs approchent à grands pas. Il y a une véritable impatience de la part de l'encadrement et des joueurs, et j'espère aussi qu'à l'issue des deux derniers matchs de préparation contre Toulon et Brive, le choix pour le XV de départ face à Grenoble nous sera rendu difficile par les prestations convaincantes de tous les joueurs concernés.
Quant à la deuxième partie de ta question sur le début de championnat, je ne souhaite pas me laisser aller à des commentaires sur des matchs qui ne seront étudiés et analysés que dans quelques semaines, je crois que ce petit jeu des commentaires a bien été pratiqué par la plus part des managers qui estiment tous que la compétition va être extrêmement difficile, très relevée. On est dans le cliché. Alors pour prendre le contre-pied, on joue Grenoble, très bien, on joue Perpignan, excellent, on va au Racing Métro, génial, et on va à Toulon, c'est magique !
Restons concentrés sur le potentiel de cette équipe. C'est ce que j'expliquais aux joueurs, on ne peut pas réellement mesurer le degré de préparation des autres équipes du TOP 14. Même si maintenant  les premiers matchs nous donnent quelques indications, l'idée est de vraiment miser sur le collectif, la solidarité, la générosité de ce groupe qui est vraiment sans faille, on l'a vu à travers la préparation physique, et mettre les joueurs en condition pour développer leur potentiel. On va essayer d'optimiser le potentiel de cette équipe pour ensuite entrer dans les détails et étudier le plus minutieusement possible les qualités de l'adversaire.

Merci Raphaël pour ce temps précieux passé avec nous, pour tes réponses très claires, et,

ALLEZ L'UNION



Jacques

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