INTERVIEW OLIVIER OLIBEAU

14 années dans l'élite, dont 10 avec l'USAP, plus de 12 500 minutes de jeu, 3 fois champion de France (2 avec Biarritz, 1 avec l'USAP), 2 sélections en équipe de France, 1 finale d'H Cup, est-ce qu'il te manque quelque chose pour pouvoir dire un jour à tes petits enfants que tu as eu une carrière exceptionnelle ?

Je peux amplement me contenter de la carrière que j'ai eu, mais après pour arriver au niveau que beaucoup d'entre nous atteignent, il faut toujours être un peu insatisfait, en vouloir toujours plus. Moi maintenant tout est derrière moi, mais je pense sincèrement que je peux fièrement me contenter de la carrière que j'ai eu, j'ai pas mal été épargné par les blessures, chose qui contribue justement à une belle ou moins belle carrière, donc c'est vrai que je peux partir satisfait.

Cette saison, Perpignan a eu un passage très difficile avec 7 défaites de rang. Et puis reprise en main, depuis le 17 février, pas un seul match à 0 points, 22 points en 7 matchs ce qui correspond exactement au parcours de Clermont depuis le début de l'année. Quel est le miracle qui a permis à l'USAP de retrouver ses couleurs ?

Il n'y a pas eu de miracle. Seulement une prise de conscience qui a été certes un peu tardive mais on va dire que l'USAP a eu une réaction d'enfant gâté, c'est-à-dire que pour la plupart des joueurs, n'ayant que très peu ou pas connu ce genre de situation, pas habitué à jouer le maintien, on pensait que notre rugby qui a fait les beaux jours de notre groupe pas plus tard qu'il y a un an et demi / deux ans / trois ans, allait revenir comme ça, un beau jour, parce que effectivement on avait du mal à accepter le fait qu'on n'arrivait plus à jouer comme on le faisait auparavant, sauf que malheureusement ça ne s'est pas fait comme ça. Il a fallu qu'il y ait une prise de conscience qui a été longue à venir et c'est pour ça que le groupe a mis du temps à rebondir. Mais une fois qu'une prise de conscience collective a été faite par la totalité du groupe, ça nous a permis de retravailler, d'accepter le fait d'avoir des lacunes, d'être passé à côté de beaucoup de choses, et de repartir de plus bas en retravaillant comme il faut les bases. Un fois tout ça bien retravaillé, on s'est appuyé dessus et c'est ce qui a fait le renouveau de l'équipe. Une fois que ce renouveau est arrivé, comme par enchantement le reste a suivi. C'est vrai que ça a donné beaucoup plus de motivation au groupe, beaucoup plus de résultats concrets, c'est-à-dire qu'à partir du moment où on s'est aperçu que le travail payait, et bien comme dans tout travail, quand il y a une carotte au bout, ça donne encore plus de d'envie d'y aller, surtout avec l'hiver difficile que l'on a passé. On travaillait, on s'entrainait, mais rien en retour, aucune récompense directe. A partir du moment où on a commencé à se sentir mieux dans nos prestations, à grappiller des points, ça a permis au groupe de positiver, d'aller de l'avant et de s'améliorer de semaine en semaine ce qui a donné nos résultats des deux trois derniers mois où effectivement on a pris des points partout, tout le temps, ce qui a permis de redresser la barre.

Un nouveau manager sportif va arriver à Perpignan, Marc Delpoux. Tu le connais bien puisqu'il a été ton entraineur à Narbonne, il te connait bien aussi ; il dit de toi que tu es un leader, très intelligent sur le terrain et toujours bien placé. Que peux-tu dire de lui à tes futurs ex-coéquipiers ?

Effectivement, j'ai passé du temps avec lui à Narbonne. C'est quelqu'un avec qui j'ai pas mal accroché puisqu'il m'a tout de suite fait confiance, et ce fut réciproque. C'est un état d'esprit idyllique, où grâce à ça on peut s'exprimer pleinement. Après Marc est quelqu'un qui est sans limite dans l'exigence, ce qui va permettre au groupe de suite de percevoir la volonté et les objectifs du personnage. A côté de ça, c'est quelqu'un qui est issu du même monde que nous, il connaît les joueurs, il sait quelles peuvent être leurs réactions au quotidien. Il est exigent sur le terrain, mais aussi tolérant à côté. Pour moi c'est un bon compromis pour être un entraineur de haut niveau. La saison en cours et les saisons passées plaident en sa faveur, au-delà de la saison difficile que l'UBB a pu connaitre comme nous, j'ai eu pour ma part tout comme mes coéquipiers, l'occasion de suivre quelques rencontres de l'équipe girondine, et on a vu qu'il y avait vraiment un fil conducteur, un projet de jeu clair et bien établi. Je pense que ça pourra donner satisfaction à tous les joueurs qui vont continuer l'année prochaine avec Marc.

Comment vois-tu le match de samedi contre l'Union BB ?

Pour la petite anecdote, interviewé il y a peu de temps par un journaliste de "L'Indépendant" qui me demandait comment je voyais mon dernier match, je lui répondais "que je l'espérais sans enjeu direct, que ce soit pour nous et pour Marc (Delpoux) qui lui aurait eu deux objectifs complétement différents, c'est-à-dire pour lui le maintien de Bordeaux et le maintien de Perpignan, club qu'il entrainera l'an prochain. Cela aurait pu être une journée très délicate pour lui, mais grâce au résultat de Bordeaux qui a gagné à Brive, ça ne sera pas le cas, ça permet aux deux équipes d'aborder le match sereinement et dans une certaine décontraction sans pour autant faire un match amical. Donc c'est vrai que nous on a soufflé un grand OUF après cette saison difficile, je pense que ça a été la même chose du côté de Bordeaux , donc je pense que ça ne va être un match que pour le plaisir et que  moi comme beaucoup d'autres coéquipiers qui vont aussi arrêter ou quitter le club ça sera une dernière sortie avant de plier bagages, donc on veut en profiter pleinement et se faire plaisir sur le terrain pour une fois avec un match qui n'a pas d'enjeu direct. Ca permettra d'avoir peut-être une rencontre très débridée et ça sera plus plaisant pour les supporters.

Merci Olivier et bon match.



Jacques